Extrait de l’interview de Gérard Mordillat et Jérome Prieur, qui réalisent une grande enquête pour la télévision sur le christianisme: L’Apocalypse (mercredi et samedi à 21h sur Arte)

Face-light

Vous présentez cette histoire comme une histoire politique, comme si la politique de l’époque c’était la religion ?

G.M. : La politique et la religion sont
indissociables durant les premiers siècles, du côté juif comme du côté
romain. On a demandé aux chercheurs de dater l’an zéro du
christianisme. Chacun a donné une réponse différente. Tantôt, c’est la
naissance de Jésus ; tantôt, sa mort ou sa résurrection ; pour d’autres
, c’est l’apôtre Paul, ou le règne de l’empereur Constantin. Pour nous,
c’est la chute du Temple en 70.

Pourquoi la chute du Temple ?

G.M. : Car à partir du moment où le judaïsme ne se
reconnaît plus dans la fréquentation d’un lieu sacré, quand il n’y a
plus de temple, l’ensemble des courants juifs vont entrer en
concurrence, pour savoir lequel a la juste lecture de l’histoire et est
donc à même de guider le peuple. Pour les rabbins pharisiens, ce sera
par la lecture d’un texte indestructible, la Torah. Le Temple est
destructible pas le texte, donc c’est la lecture perpétuelle de ce
livre qui vous met en contact avec Dieu, ce qui amènera le judaïsme
rabbinique que l’on connaît aujourd’hui. Les partisans de Jean le
Baptiste vont dire qu’il faut suivre un grand mouvement de repentance.
Ceux de Jésus revendiqueront Jésus comme messie. Pour faire nombre, ces
derniers vont s’ouvrir aux craignants-dieu, c’est-à-dire aux païens
attirés par le monothéisme. Après 70, ils commencent à écrire des
textes : les Evangiles sont des textes de propagande pour convaincre
les autres juifs que Jésus est bien le messie. Des chercheurs,
historiens, exégètes juifs lisent ces textes comme les meilleurs
témoins de l’histoire du judaïsme dans les Ier et IIsiècles.
Nous nous sommes situés dans cette perspective, ce qui nous a valu
beaucoup d’injures. Aujourd’hui encore, pour nombre de chrétiens,
affirmer que Jésus est juif, qu’il a toujours vécu sous la loi juive,
sans autres horizons pour lui qu’Israël, est une chose provocatrice,
irrecevable. Dire que le messie est Jésus, messie pour Israël, alors
qu’Israël ne le reconnaît pas. Dire que Jésus n’a jamais appartenu à la
religion dont il est la figure tutélaire est encore difficile à vivre.

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Posté par: Loïc LAMY

Source: Libération

Publié sur : Levidepoches


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