Le secteur français des services risque de perdre son leadership
mondial et sa compétitivité si rien n’est fait dans les 10 ans,
prévient Oliver Wyman dans une étude.
Oliver Wyman, en présence du Groupement des Professions de Services (GPS), a rendu publique son
étude « Services : enjeux de la compétitivité française à l'horizon 20251 », le jeudi 16 juin.
Avec des acteurs très présents à l’international et leaders sur leurs marchés, la France est un des trois leaders mondiaux des services et le « champion mondial » dans les services aux entreprises et aux collectivités.
Elle risque, néanmoins, dans un contexte de concurrence accrue et de consolidation des marchés
de connaître les mêmes difficultés que l’industrie.
Sa compétitivité et son leadership sont menacés si rien n’est fait dans les dix ans.
Leadership mondial des services français
La France est incontestablement le leader mondial des entreprises de services aux
entreprises dans l’environnement, la construction et l’énergie. Elle figure aux premiers rangs mondiaux dans les autres catégories de services (médias, Telecom, hôtellerie, distribution alimentaire, loteries, transports, distribution industrielle B2B, etc.), confirme Oliver Wyman dans une étude sur la compétitivité des entreprises de services françaises à l’horizon 2025.
« Cette étude regarde les services comme un tout et les considère comme un secteur économique
stratégique de l’économie. Au-delà d’une hétérogénéité apparente, les services ont des points
communs structurants : la relation avec le client et leur capacité à générer de l’emploi », se réjouit Gilles Pélisson, président du GPS.
Néanmoins, confrontées à une compétition mondiale, les entreprises françaises de services risquent de perdre du terrain dans les prochaines années si elles ne se donnent pas les moyens d’être des
acteurs majeurs dans la consolidation des marchés, pondèrent les auteurs de l’étude. « Pour les
entreprises françaises de services de taille intermédiaire, l’alternative est simple : être un acteur de la consolidation du marché ou la subir », estime Bruno Despujol, Partner de la Practice Services d’Oliver Wyman et co-auteur de l’étude.
Menée entre janvier et juin 2011, l’étude Oliver Wyman « Services : enjeux de la compétitivité française à l’horizon 2025 » a analysé la totalité des segments du secteur des services en France afin de mesurer la compétitivité des
entreprises aujourd’hui parallèlement à l’évolution des marchés à l’horizon 2025.
Quatre idées reçues à dénoncer
L’étude relève quatre idées reçues dont souffre le secteur des services en France :
1. Les services ne participent pas à la compétitivité de la France
FAUX : aujourd’hui, les services représentent en France 85 % de la croissance du pays, la
totalité des créations nettes d’emplois et une balance commerciale positive de 5 millions
d’euros. Depuis le début des « Trente Glorieuses », leur croissance a été continue, y compris
en période de crise où la demande intérieure de services reste particulièrement soutenue,
constate l’étude. Entre 1958 et 2009, la valeur ajoutée du secteur a été multipliée par près de
huit.
2. Les services ne sont pas stratégiques
FAUX : le marché des services est plus de deux fois plus gros que celui de l’industrie. En
pleine consolidation, sa part structurée va doubler dans les quinze prochaines années. Dans
ces marchés encore largement à conquérir, des modèles d’entreprises « consolidatrices » sont
en train de s’imposer et se développent à grande vitesse. Les dix prochaines années seront clés
pour prendre des places sur ces marchés.
« Nos leaders des services se sont appuyés sur leur géographie d’origine pour développer leurs
offres et innover avant de partir consolider les marchés à l’international », explique Georges
Vialle, responsable mondial de la Practice Services et co-auteur de l’étude.
3. Les services ne sont pas innovants
FAUX : même si l’innovation ne se compte pas toujours en brevets, nombre d’évolutions dans
les services témoignent d’une innovation très avancée accélérée par la révolution
numérique à l’instar des technologies de l’information, des télécommunications ou des services
financiers. A chaque fois, les champions ont réinventé l’offre de leur secteur.
4. Les services n'ont pas besoin d’être aidés
FAUX : il faut, plus que jamais, soutenir les services car la concurrence s’intensifie et se
mondialise, à l’heure où le marché est lui en phase de consolidation. Les services, comme
l’industrie, peuvent « partir » et être absorbés par d’autres géants mondiaux.
Un secteur plus fragile qu’il n’y paraît
Malgré leurs bons résultats, la compétitivité des entreprises françaises de services décroît. La
France est passée de la 3ème à la 4ème place européenne en matière d’exportations de services
avec un dynamisme deux fois plus faible que l’Allemagne. Ainsi, depuis dix ans, les entreprises
françaises de services perdent du terrain dans le classement mondial en termes de chiffres
d’affaires, constate l’étude.
Elles connaissent en effet des fragilités susceptibles de mettre en
péril leur compétitivité :
· Une trop faible productivité
Le coût du travail élevé diminue les marges et la capacité d’autofinancement des entreprises
françaises de services.
· Un marché atomisé ouvert aux consolidateurs
Avec 94 % des entreprises de services comptant moins de 10 salariés, le marché français est
le plus fragmenté des grands pays de services (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, etc.).
Certains secteurs ont déjà été consolidés par des champions étrangers comme, par exemple,
le tour operating ou la restauration.
· Des investissements en baisse
Les investissements des entreprises de services françaises tendent à diminuer (- 6,7 % en
2009 et – 2,7 % en 2010) et leurs dépenses R&D sont de surcroît parmi les plus faibles de
l’OCDE.
Innover, restructurer et investir pour rester en lice
Enviée jusqu’à présent pour ses succès, la France des services doit se réinventer face à une
compétition mondialisée pour préserver et renforcer son leadership. Ainsi, selon l’étude Oliver
Wyman, trois impératifs s’imposent aux dirigeants et aux pouvoirs publics pour inverser la
tendance :
· Innover en capitalisant davantage sur les possibilités immenses de la révolution numérique
pour mieux capter la demande.
· Améliorer la performance opérationnelle pour financer les investissements et la croissance.
· Atteindre ou conforter une taille critique sur le marché national et tirer parti des
opportunités sur les marchés internationaux.
http://www.oliverwyman.com/pdf_files/OW_Fr_Press_2011_GPSEtude.pdf

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