La conception régénérative n’est pas une nouvelle méthode de design. C’est un changement de regard sur ce que signifie « bien concevoir ».
Dans les approches classiques — écoconception, design responsable, design circulaire — la question centrale reste souvent celle de l’impact : réduire, optimiser, compenser. Ces démarches ont permis des progrès réels. Mais elles atteignent aujourd’hui leurs limites dès lors qu’il s’agit de régénération du vivant, humain et non humain.
La conception régénérative, telle que nous la travaillons chez Nous Sommes Vivants, vise la restauration des ressources naturelles mais surtout l’augmentation de la capacité d’un territoire, d’un collectif humain à atteindre son plein potentiel en se reliant au vivant non humain.
→ Lire aussi :
https://noussommesvivants.co/2025/05/04/approche-design-de-la-conception-de-produits-regeneratifs/
Changer la finalité du design
Dans une approche régénérative, le design ne vise pas d’abord à produire un « bon » objet ou un « meilleur » service. Il vise à renforcer des dynamiques vivantes existantes, plutôt qu’à les remplacer ou les exploiter.
La question fondatrice devient alors : ce que nous concevons renforce-t-il — ou affaiblit-il — la capacité du vivant ?
Ce déplacement est profond. Il concerne l’unité de conception, car on ne conçoit plus un produit isolé. Il concerne les critères de réussite, qui ne se limitent plus à la performance. Il concerne enfin le rôle même du designer, qui devient médiateur de relations plutôt que simple producteur de solutions.
→ Voir la masterclass sur le regenerative design :
https://youtu.be/r4wBma8QgFo
Le produit comme système de relations
Concevoir régénératif, c’est accepter que le produit n’est jamais le cœur du sujet. Le cœur, ce sont les relations qu’il active ou qu’il fragilise.
Relations aux sols, à l’eau, à la biodiversité.
Relations humaines de travail, de savoir-faire, d’usages et d’émotions.
Relations économiques de dépendance, de circulation et de répartition de la valeur.
Relations territoriales d’ancrage, de gouvernance et de continuité.
Un produit régénératif n’est donc pas un produit « vert ». C’est un point d’appui dans un système relationnel vivant.
→ Sur cette vision relationnelle de la régénération : https://noussommesvivants.co/2025/12/21/la-regeneration-du-vivant-telle-que-portee-par-nous-sommes-vivants/
Pourquoi la conception régénérative ne tient pas sans modèle économique
Une intention régénérative ne suffit pas. Si le modèle économique reste extractif ou court-termiste, la conception finit toujours par se dégrader.
C’est précisément pour cette raison que Nous Sommes Vivants a développé le Business Model Canvas de l’Entreprise Régénérative (REGEN BMC). Non comme un outil d’optimisation, mais comme un cadre de cohérence entre intention, conception et création de valeur.
Le REGEN BMC ne cherche pas à « verdir » un business model existant. Il invite à repenser ce qui crée réellement de la valeur lorsque l’on prend le vivant au sérieux — humain et non humain, sans hiérarchie.
→ Découvrir le REGEN BMC :
https://noussommesvivants.co/le-business-model-canvas-de-l-entreprise-regenerative-2/
Le rôle spécifique du design dans le design régénératif
Dans le REGEN BMC, la conception régénérative n’est ni une étape finale, ni un vernis créatif. Elle intervient à des moments structurants.
Elle commence par une lecture de la chaîne de valeur existante, afin d’identifier où les capacités du vivant sont affaiblies, invisibilisées ou fragmentées. Elle se prolonge par la reconception de l’offre comme service rendu au vivant, en intégrant les besoins humains réels, les contraintes écologiques et les dynamiques territoriales. Elle suppose ensuite un alignement des flux économiques avec les flux du vivant, pour que la création de valeur économique soutienne — et ne contredise pas — la régénération. Enfin, elle conduit à piloter des trajectoires plutôt que des résultats figés, en acceptant l’incertitude, le temps long et l’apprentissage collectif.
Ici, le design devient un outil de discernement, pas seulement de projection.
→ Approfondir la logique du modèle économique régénératif : https://noussommesvivants.co/2023/05/29/le-design-non-humain-permet-dinclure-les-perspectives-de-tous-les-autres-pour-construire-des-produit/
Cas concrets avec le RegenBMC : quand conception régénérative et modèle économique régénératif s’alignent
Les cas d’études présentés dans le cadre du REGEN BMC illustrent cette articulation entre conception, modèle économique et vivant.
Filière ortie textile
Nous avons commencé à co-construire les bases d’un business modèle régénératif pour l’ortie dans le textile. Nous accompagnons cette filière sur trois ans.
→ https://lnkd.in/emEE6txS
La conception ne porte pas uniquement sur le produit final, mais sur la capacité de la filière entière à durer : sols, agriculteurs, transformation, débouchés économiques. Le design devient un outil de structuration collective, et non de simple innovation produit.
Orange – LiveBox
La version découverte du REGEN BMC pour Orange a été customisée pour les services délivrés via la LiveBox. Nous avons formé les designers d’Orange au REGEN BMC afin de les aider à poser une méthode d’innovation à impact en lien avec la CSRD.
→ Étude de cas complète :
https://noussommesvivants.co/2025/01/05/case-study-business-model-regeneratif-orange-x-nous-sommes-vivants/
L’exploration menée avec les équipes design permet d’interroger les impacts systémiques des services numériques : usages, dépendances, ressources, temporalités. L’enjeu n’est pas la performance technologique, mais la cohérence avec le vivant.
Exploration des attentes consommateurs – France & USA
Exploration des attentes des consommateurs en France et aux États-Unis pour une future gamme de produits issus de pratiques régénératives. La mission s’est déroulée sous forme de learning expedition sur 6 mois, afin d’embarquer les parties prenantes internes et externes.
MELVITA – Travail stratégique COMEX
Plan de la présentation au COMEX :
- La régénération, c’est quoi ?
- La régénération pour MELVITA ?
2.1 Plateforme de marque régénérative
2.2 Retombées business - Business models à explorer sous regenerative skincare brand
- MELVITA entreprise à visée régénérative : trajectoire en 3 étapes avec le REGEN BMC.
Réponse à l’appel à projets FRB 2025 – Rivière Chéran
Projet de réponse à l’appel à projets FRB 2025 autour de la rivière Chéran, affectée par des problèmes de qualité de l’eau (PFAS – affaire Téfal à Rumilly). L’objectif est de faire émerger un projet de dépollution collective avec, à terme, un label « rivière sauvage ».
L’approche repose sur le business model régénératif, la fresque du facteur humain et la fresque des imaginaires, afin de traiter les freins et leviers humains et permettre une transition vers un bien-vivre intégrant la solidarité écologique.
Wagralim – Belgique
Projet en cours mené par Wagralim, pôle de compétitivité agroalimentaire wallon :
« le business model régénératif des friches à l’aide de solutions fondées sur la nature » (phytomanagement).
→ https://www.wagralim.be/
🏅 Note sur les certifications, labels, et scores mobilisés sur la régénération : analyse lauriers de la régénération 2025
Les Lauriers de la Régénération rendent visibles des trajectoires régénératives crédibles, en s’appuyant sur un écosystème existant de labels, certifications, scores et cadres d’évaluation, chacun ayant ses forces et ses limites. Ils y sont mobilisés omme des indicateurs au service d’une trajectoire régénérative vivante, évolutive et collective. 👉 https://noussommesvivants.co/les-lauriers-de-la-regeneration/
Les labels, certifications et scores deviennent réellement utiles lorsqu’ils sont replacés dans un cadre de transformation régénérative effective sur un produit et son écosystème de paerties prenantes sur un territoire comme avec le Business Model Canvas de l’Entreprise Régénérative :👉 https://noussommesvivants.co/le-business-model-canvas-de-l-entreprise-regenerative-2/
🌱 Labels et certifications liés à l’agriculture, aux sols et aux filières amont
- Regenerative Organic Certified (ROC)
Certification internationale combinant pratiques agricoles régénératives, bien-être animal et justice sociale. Elle constitue aujourd’hui l’un des cadres les plus aboutis pour qualifier la régénération des sols dans les filières agricoles. - Demeter (biodynamie)
Label historique intégrant une approche systémique du vivant (sols, plantes, animaux, humains). Il est fréquemment mobilisé par des acteurs engagés dans des trajectoires régénératives de long terme. - Cosmébio et autres labels bio renforcés
Certains acteurs des Lauriers s’appuient sur des référentiels bio exigeants comme socle, tout en allant au-delà du simple respect de pratiques agricoles, vers des logiques de régénération des écosystèmes et des territoires. - Land to Market
Label orienté sur la mesure de la santé des sols et la traçabilité de matières premières issues de pratiques régénératives, notamment dans les filières textiles et alimentaires.
📊 Scores, indicateurs et outils d’orientation consommateur
- Nutri-Score
Score nutritionnel parfois mobilisé en complément dans les filières alimentaires, sans lien direct avec la régénération mais utile dans une approche santé globale. - Planet-Score
Indicateur environnemental multi-critères destiné aux consommateurs. Utile pour la lisibilité, mais partiel dès qu’il s’agit de mesurer la capacité du vivant à se régénérer. - Scores sectoriels (textile, cosmétique, …)
Présents de manière hétérogène chez les lauréats : certifications matières, labels filières, chartes sectorielles. Leur intérêt dépend de leur articulation avec une vision systémique. - Évaluations ACV / empreinte carbone (éco conception)
Présentes chez plusieurs lauréats comme outils de diagnostic. Elles mesurent des impacts, mais doivent être dépassées pour piloter une trajectoire régénérative.
🧠 Labels et référentiels fair trade (commerce équitable)
Cadres visant à sécuriser la rémunération, les droits sociaux et la stabilité économique des producteurs. Ils constituent des points d’appui essentiels pour rééquilibrer les chaînes de valeur, tout en nécessitant d’être articulés à des pratiques écologiques régénératives et à des modèles économiques cohérents pour devenir pleinement transformants.
⏳ Organisation du travail et temps de vie
La semaine de 4 jours, ou d’autres formes de réduction et de réorganisation du temps de travail, apparaissent chez certains lauréats comme des leviers concrets pour :
- réduire l’épuisement professionnel,
- améliorer l’engagement et la coopération,
- renforcer la capacité d’apprentissage et d’adaptation des équipes,
- rééquilibrer les temps de vie personnels, professionnels et collectifs.
Dans une lecture régénérative, ces dispositifs ne sont pas évalués uniquement à l’aune de la productivité à court terme, mais de leur capacité à préserver l’énergie humaine, condition indispensable à toute transformation durable des modèles économiques.
🧠 Santé mentale, émotionnelle et relationnelle
Plusieurs trajectoires mises en lumière par les Lauriers intègrent explicitement :
- la prise en compte de la charge mentale,
- la qualité du climat relationnel,
- la capacité des équipes à traverser l’incertitude et le changement.
🏭 Cerifications et cadrees RSE (entreprise dont gouvernance, social)
- B Corp
Label international évaluant la performance globale des entreprises (gouvernance, social, environnement). Il est souvent présent chez des lauréats comme point d’appui structurant, même s’il ne garantit pas en soi une démarche pleinement régénérative. - Entreprise à Mission
Statut juridique français mobilisé par certains acteurs des Lauriers pour inscrire la contribution au vivant dans la gouvernance. Il crée un cadre, mais nécessite d’être outillé et incarné pour devenir réellement transformant. - Label Lucie / ISO 26000
Référentiels RSE parfois utilisés comme étapes intermédiaires dans des trajectoires plus larges, mais rarement suffisants seuls pour qualifier une dynamique régénérative.
🌍 Cadres internationaux et sectoriels observés chez les lauréats
CSRD – Corporate Sustainability Reporting Directive
Cadre réglementaire européen structurant pour de nombreux acteurs des Lauriers de la Régénération.
Lorsqu’elle est utilisée comme un simple exercice de conformité, la CSRD reste descriptive. Lorsqu’elle est mobilisée comme outil stratégique, elle devient un levier puissant de transformation, permettant d’aligner gouvernance, modèle économique et contribution au vivant.
ISO 26000
Norme internationale de lignes directrices sur la responsabilité sociétale des organisations.
Souvent utilisée comme socle de structuration RSE, elle apporte un cadre utile sur les enjeux sociaux, environnementaux et de gouvernance, mais ne suffit pas à elle seule à qualifier une dynamique régénérative, car elle n’évalue ni la capacité du vivant à se renforcer, ni les dynamiques territoriales.
B Corp
Label international évaluant la performance globale des entreprises sur les dimensions sociales, environnementales et de gouvernance.
Présent chez plusieurs lauréats comme point d’appui structurant, il favorise une approche systémique de l’entreprise, tout en devant être articulé à des démarches plus spécifiques de régénération des écosystèmes et des filières.
Science Based Targets initiative (SBTi)
Cadre international de référence pour l’alignement des trajectoires climatiques des entreprises avec les limites planétaires.
Mobilisé par certains lauréats comme outil de cadrage carbone, il reste cependant centré sur le climat et nécessite d’être complété par une approche plus large intégrant le vivant, les territoires et les relations humaines et économiques pour soutenir une trajectoire réellement régénérative.


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