La zone d’intérêt ou de désintérêt, le nouvel horizon du déni

 

Le pitch

Le pitch de « La Zone d’intérêt » nominé pour 5 oscars, du réalisateur britannique Jonathan Glazer est aussi glaçant que la bande-annonce partagée par le studio de cinéma indépendant : Rudolf Höss (Christian Friedel), le commandant d’Auschwitz, et sa femme Hedwig (Sandra Hüller) s’efforcent tous deux de construire une vie de rêve pour leur famille dans le jardin situé à côté du camp de concentration.

On découvre donc le couple et leurs enfants préparant des activités estivales, revêtant de beaux vêtements pour sortir ou lisant une histoire à leurs petits avant de dormir, pendant qu’à quelques mètres de là, les victimes de l’Holocauste sont torturées et tuées.

L’affiche américaine du film reprend cette même idée de bon temps passé en famille alors que juste à côté, l’une des tueries les plus sombres de l’histoire mondiale est en train de se dérouler. La verdure et l’apparente naïveté des êtres en premier plan contraste avec ce noir absolu, derrière le mur du camp. source

Le déni

En psychanalyse, le déni c’est un mécanisme de défense, par lequel le sujet refuse de reconnaître la réalité d’une perception ressentie comme menaçante et/ou traumatisante. Ainsi le déni climatique consiste à nier la réalité du réchauffement climatique, son origine humaine ou l’ampleur des changements à amorcer pour préserver de bonnes conditions de vie sur Terre. Les climatosceptiques nient le fait que le réchauffement climatique soit d’origine anthropique (humaine) et qu’il va causer des dégâts considérables. source

Le déni n’est pas réservé à la question du changement climatique ou autres catastrophes environnementales. De fait, de nombreuses études se penchent sur les origines de cette réaction publique à des événements et en trouvent des exemples matriciels dans les décennies qui ont conclu le 20e siècle. Chez les anglophones, la première référence est certainement celle de la Shoah, avec la question du Holocaust denial, que les Français envisagent en termes de négationnisme. Mais ce sont surtout les controverses ayant émergé aux Etats-Unis dans les années 70 et 80 qui ont semblent avoir en grande partie jeté les bases institutionnelles mais aussi individuelles du déni, autour de l’utilisation d’un fameux pesticide, le DTT. C source

La théorie des champs de force

Lewin a utilisé le concept physique de “champ de forces” (Lewin, 1988) dans sa théorie des champs pour expliquer les facteurs environnementaux qui influencent le comportement humain.

Le comportement, selon lui, ne dépend ni du passé ni du futur, mais des faits et des événements actuels et de la manière dont le sujet les perçoit. Les faits sont interconnectés et constituent un champ de forces dynamique que nous pouvons appeler espace vital.

Par conséquent, l’espace vital, ou le champ psychologique des forces, deviendrait l’environnement englobant la personne et sa perception de la réalité proche. Il s’agit, en somme, d’un espace subjectif, propre, qui reflète la manière dont nous regardons le monde, avec nos aspirations, nos possibilités, nos peurs, nos expériences et nos attentes. De plus, ce champ dispose de quelques limites, établies notamment par les caractéristiques physiques et sociales de l’environnement.  source

De plus, la réalité est « filtrée » par les individus en fonction de ce qui a de la valeur (ou pas) pour chacun d’eux. La réalité est l’ensemble de l’imaginaire, du symbolique et du réel ; le réel n’est pas la réalité. Elle est liée à l’interprétation de la réalité de premier ordre, éminemment subjective et arbitraire. Ce que chacun nomme la réalité est en fait une réalité́ (re)construite à partir de ses propres filtres, de ses propres cadres de référence et donc totalement subjective. « Il n’existe pas de réalité absolue mais seulement des conceptions subjectives et souvent contradictoires de la réalité » (Watzlawick 1978).

L’important est de donner du sens. Nous faisons des allers-retours entre des interprétations conscientes et inconscientes pour construire le sens que les choses ont pour nous dans l’ici et maintenant. « Notre cinéma intérieur dépend certes du monde extérieur mais également de notre univers intérieur. » (Naccache 2020)

On peut élargir la zone d’intérêt en intervenant sur le facteur humain ICI

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