Les grandes valeurs de l'écologie sans les innovations et les emplois qui apportent la fierté nationale se traduisent dans un sentiment de déclin national qui finit par prendre l'écologie comme cible. "Comme si aimer la France, en être fier, était dépassé. Les seuls amours autorisés étant désormais celui de la planète en général" exprime la journaliste politique Christine Clerc dans Pourquoi ne sommes-nous plus heureux et fiers d’être français
Le déclin n’est pas un virus extérieur que l’on attrape comme une grippe, mais davantage un processus de perte de confiance en soi qui l’apparente à la dépression précise Jean-François Marchi auteur dans le magazine entreprendre.
Le désastre écologique a provoqué un bouleversement idéologique. Si l'écologie est dans son essence même complexe, il est néanmoins clair que d'une part, ses idées sont de plus en plus formulées et affirmées en France, et d'autre part il y a une nécessité urgente de les mettre en application concrète. Le tournant écopolitique de la pensée française Par Nicolas Truong
Le président de la République a présenté récemment sa vision d’une « écologie à la française » censée répondre à un triple défi, « celui du dérèglement climatique et de ses conséquences, celui d’un effondrement de notre biodiversité et celui (…) de la rareté de nos ressources », selon ses mots. Il s'est posé en défenseur d'une "écologie scientifique, souveraine, créant de la valeur économique, compétitive, planifiée, financée, accessible et juste, territoriale et internationale" mais aussi "une écologie qui protège les Français et la nature".
Selon François Gemenne, membre du Giec et spécialiste de la géopolitique de l’environnement : « le président Macron, qui est un converti de la dernière heure, a une vision de l’écologie qui ne doit être ni contraignante, ni restrictive, ni nécessiter des efforts ». Et pour cause, rappelle Éloi Laurent, s’il existe bien une écologie à la française, « c’est une écologie qui place au cœur des enjeux environnementaux la question des inégalités sociales et du pouvoir, d’influence comme d’achat. » Pour lui, l’opinion publique était prête à entendre un vrai projet autour d’un renouveau du modèle économique « mais ça ne vient pas. Il n’y a pas une amorce d’un grand récit alors que le Président pouvait entraîner les entreprises vers l’innovation. source
Depuis une décennie, la transition écologique s’appuie sur deux grands mécanismes : la diffusion de l’information pour combattre les croyances fausses, par exemple celles concernant la plus faible efficacité des énergies renouvelables, et les incitations économiques pour pousser les gens à adopter les nouvelles technologies et les nouveaux modes de vie. L’idée d’acceptabilité sociale combine ces deux piliers fondamentaux. Mais les émotions ont été totalement laissées de côté et la transition écologique patine. L’acceptabilité sociale est devenue l’ennemi de la transition en clivant les partisans et les opposants. Jérôme Ballet, maître de conférences HDR en économie à l’université de Bordeaux
L’économiste Patrick Jolivet, directeur des études socio-économiques à l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) suggère d’ailleurs de remplacer la notion d'acceptabilité sociale" par le triptyque « désirabilité, faisabilité et conditions de réalisation », parce que « ces trois mots renvoient à un champ très ouvert, incluant les valeurs et les intérêts, les contraintes individuelles et collectives ou encore les facteurs pouvant conduire à une meilleure adéquation des projets à la société ». Ce triptyque pourrait avoir l’avantage de mieux tenir compte des émotions si elles étaient prises au sérieux. Il ajoute que "ce sont sur les émotions agréables qu’il faut jouer pour sortir de l’impasse émotionnelle où nous sommes".
L’écologie est certes partout dans les discours, mais elle reste associée à des passions négatives ajoute Xavier Desjardins, Professeur à Sorbonne Université. La peur : de l’effondrement, de la fin du monde. La douleur : après la mondialisation et la désindustrialisation qui ont coûté si cher aux classes populaires et moyennes, celles-ci craignent de devoir à nouveau payer l’addition. Enfin, l’ennui : on voit combien, lorsque le monde s’embrase de conflits (Ukraine, Israël-Palestine…), l’écologie passe au second plan. Pendant ce temps, les Chinois font de la « civilisation écologique » une composante essentielle de leur fierté nationale et de leur contrat social. Pour réussir, il faut donc remplacer la peur par l’espoir, la douleur par le plaisir (et la sécurité), et l’ennui par la passion !
Or, les émotions ne sont pas l’ennemi de la décision. Depuis les travaux du médecin neurologue Antonio Damasio dans son ouvrage publié en 1994 L’Erreur de Descartes : la raison des émotions, elles ont été réhabilitées et elles sont désormais considérées comme des aides à la décision, le fondement d'une intelligence dite émotionnelle.
Panu Pikhala explique dans un article paru le 14 janvier 2022 dans Frontiers in climate, que la motivation, le besoin d'agir et la détermination sont liés à l'envie des personnes de faire quelque chose d'utile. Le plaisir, la joie et la fierté apparaissent quand les personnes adoptent un comportement « pro-environnement ». Le fait de faire quelque chose de concret permet aussi de se sentir à nouveau optimiste et plein d'espoir dans un monde en pleine mutation.
Une telle perspective de transformation ou de mutation des émotions suppose que la communication sur le changement climatique et la transition écologique change radicalement. Il faut sans doute considérer, avec John Dewey (Expérience et Nature, 1925), que « même si l’univers nous écrase […] nous savons que notre pensée et nos efforts sont l’une des conditions de l’avènement du meilleur ». Ce qu’il convient désormais de mettre en avant ne sont plus les catastrophes, les échecs et l’inaction des gouvernements, mais les actions positives et leurs répercussions constructives et rassurantes : la satisfaction d’agir, le plaisir de se rassembler, la fierté d’accomplir, à son niveau, une action pro-environnementale, etc. Article du CNRS "Pas de transition écologique sans émotion".
Selon Nicolas Mathieu l'auteur de "Leurs enfants après eux", roman noir de la désindustrialisation, c’est un des grands problèmes de l’écologie. Tout le monde aspire à une vie désirable. Quand on te dit qu’on va réduire tes déplacements, ponctionner dans ton portefeuille, tes possibilités d’existence se réduisent. C’est ça qui s’est produit avec les Gilets jaunes (source) Mais ajoute t'il "une utopie qui pourrait résoudre certains problèmes écologiques et sociaux, c‘est la ville du quart d’heure, où tout est disponible à un quart d’heure à vélo. Un retour au village finalement. Qui n’a pas envie de vivre ça en réalité ? On peut ensuite en sortir, voyager, si on veut, mais avoir tout à proximité, c’est une possibilité de vie désirable pour tout le monde je crois. Ce sont des choses comme ça qu’il faut concevoir. Il faut réanoblir ce qui a perdu sa noblesse".
Des lueurs d’espoir éclairent notre planète grâce à des actions positives à l’échelle nationale. Des innovations qui se traduisent dans des produits et des services responsables et désirables. Des porteurs de projets fiers d'agir pour le vivant dans leur territoire. Des territoires ou écologie, emplois durables et bien vivre sont synonymes. On peut réanoblir tout ce qui a perdu sa noblesse : des habits, aux voyages en passant par les bâtiments. Jérémy Dumont L'écologie, c'est le vivant ! Quoi de plus populaire ? #noussommesvivants
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