Nous commençons à intégrer et assumer le fait que nous dépendons de toutes sortes d'aléas naturels. Il est temps de penser les activités humaines dans leur environnement. L'écologie est une avancée qui consiste à penser le vivant en relation avec ce qui le fait vivre, à penser ensemble l'organisme et son milieu. Elle nécessite de poser une nouvelle relation à soi, aux autres et à la nature, dans une logique de relations mutuellement bénéfiques #régénération
F. Flahaut nous propose une image nouvelle de ce que nous sommes dans son livre, le sentiment d'exister, en concevant le sujet humain comme un être relationnel, qui déploie son désir d'exister en étant affecté par ce qui l'entoure: "Le fait même d'exister intérieurement en tant qu'individu, loin d'être un privilège acquis une fois pour toutes est une activité qui, nécessairement, s'exerce en relation avec ce qui nous fait vivre. Il est urgent d'abandonner notre conception occidentale de l'individu : un être autonome, auto-existant, indépendant".
Pierre Dardot, Christian Laval, co auteurs de "La nouvelle raison du monde" soulignent que l'imaginaire du néolibéralisme prédominant est fondamentalement entrepreneurial. Un imaginaire entrepreneurial néolibéral influencé par les travaux de Lippmann sur l'individualisme atomiste qui pense l'individu comme une unité isolée qui précède la société et ses interactions. Un monde dominé par les relations de concurrence et de prédation entre les acteurs économiques. La valeur dominante étant la liberté d'entreprendre, encadrée par des règles de libre concurrence. La nature n'a pas de droits intrinsèques.
Selon Dewey, qui s'oppose à Lippman, l'entreprise doit inscrire dans le modèle « socio-libéral » parce que l'individu n'est pas un être isolé, mais participe à une société. Dewey propose une autre représentation mentale de l'individu : l'individu, comme tout organisme vivant, est tout au long de son existence, le produit des relations passives et actives qu'il entretient avec un environnement (humain et naturel) et au sein de différentes formes d'associations. La nouvelle forme d'individualisme relationnel promue par Dewey s'est construite à partir d'une compréhension fine de l'évolutionnisme de Darwin selon laquelle l'évolution est à la fois le résultat de relations de compétition et de coopération et que ces dernières jouent un rôle de plus en plus important en fonction de la complexité croissante des organismes vivants.
Dans leur livre "L'entraide, l'autre loi de la jungle" Pablo Servigne et Gauthier Chapelle rappellent que de nombreux travaux d'anthropologues, de sociologues, d'économistes et de psychologues montrent que les comportements d'entraide, de coopération sont très fréquents : « Nous sommes nés avec la capacité d'intégrer très rapidement des mécanismes d'entraide spontanés, mais pour le maintenir il nous faut évoluer dans un environnement où les interactions coopératives sont fréquentes. C'est bien le cas la plupart du temps, en partie parce que les comportements coopératifs provoquent un état de plaisir et de satisfaction que nous souhaitons retrouver »
C'est l'image d'un homme en symbiose avec son milieu que François Flahault nous propose dans son livre « Anthropologie générale à l'âge de l'écologie ». Pour fonder ses réflexions anthropologiques à partir de l'écologie, Flahault s'inspire aussi des travaux du philosophe Spinoza, qui « est un des rares auteurs qui n'ont pas pensé le désir comme désir de quelque objet, mais plus fondamentalement comme désir d'exister ». Il nous invite à reconsidérer ce que nous appelons notre intériorité: dans notre culture occidentale nous avons été habitués « à concevoir notre intériorité comme une substance auto-existante dont l'activité fondamentale consiste à penser et à connaître, et non à se maintenir en vie ».
L'économiste américain Paul Krugman dans son livre « L'Amérique que nous voulons » illustre la dérive du socio libéralisme vers le néolibéralisme par le passage d'un modèle symbolisé par « Général Motors » à un autre modele représenté par « Walmart ». Alors que General Motors, le premier constructeur automobile américain, avec ses hauts salaires, son niveau élevé de couverture maladie, son fort taux de syndicalisation, incarne le fordisme des années 1960 et 1970, Walmart, la chaîne de grande distribution devenue la plus puissante entreprise américaine et mondiale en termes de chiffre d'affaire, grâce notamment à l'importation de biens de consommation bas de gamme produits en Chine, illustre, avec ses bas salaires et sa politique anti-syndicale, la réalité de la situation d'une partie du salariat et révèle un changement important dans le processus d'accumulation du capital.
Selon Guillaume Villemey, auteur de "Le temps de la démondialisation", la démondialisation, qui a commencé à être théorisée en 2002, est une opportunité de protéger les biens communs contre le libre-échange en (re)territorialisant les échanges : « En économie, il n'y a pas beaucoup de différence entre le fait d'échanger avec le boulanger du coin, et d'échanger avec une entreprise du bout du monde. On importe tout et n'importe quoi du bout du monde, mais ça se fait au détriment d'une raréfaction des biens communs, une nature plus polluée, des services publics qui marchent moins bien et puis des intérêts stratégiques, politiques, un peu affaiblis par rapport à ce qu'on a pu connaître par le passé. »
Ainsi, la tendance est à la re-localisation des activités économiques et au renforcement des liens avec les parties prenantes dans un contexte incertain. La régénération apparaît comme essentielle à la résilience des activités économiques dans leurs territoires et à la capacité de régénération du vivant dont elles sont dépendantes.
L’économie régénérative repose sur l’économie de la mutualité pour poser un cap contributif à une coalition d’acteurs à visée régénérative réunie au delà du seul profit économique. « Nous savons que les entreprises ont besoin de capital financier, mais elles ont également besoin d’autres formes de capital, comme le capital humain, social et naturel. Alors pourquoi maximiserions-nous la production de capital financier aux dépens des autres ? Nous savons également que la création de capital financier repose sur des relations de pouvoir. Mais que se passerait-il si nous essayions plutôt un système où la relation est basée sur des relations mutuelles ? » Bruno Roche Economics Of mutuality
Toute activité économique suppose un avantage mutuel et un optimum économique peut se définir comme une situation dans laquelle l’avantage individuel des parties est maximisé pour un surplus mutuel maximum. L’analyse économique de l’avantage mutuel ouvre le champ d’une théorie économique mutualiste alternative à la théorie économique standard. Pour une théorie économique mutualiste, profit versus surplus mutuel
Cette recherche de l’avantage mutuellement bénéfique tire le fil de l’entreprise à mission en permettant de poser une ambition régénérative avec l’ensemble des parties prenantes d’une activité économique. L’impact positif individuel sera maximisé par l’action régénérative collective. Collective Impact
Dans cette nouvelle logique économique, l’entreprise menée dans une coalition de parties prenantes à visée régénérative, délivre des services socio écosytémiques sur un territoire : climat, eau, sols, biodiversité, nutrition, juste rémunération, éducation… Ces services rendus par les humains avec la nature visent à restaurer les ressources vitales pour permettre aux êtres vivants (dont les humains) d’atteindre leur plein potentiel dans leur écosystème. C’est la définition que nous avons posée de la régénération.
Notre conviction c’est que les entreprises à vocation économique basculent d’un modèle économique à l’autre au niveau de leurs produits, et services. Les transformations digitales sont riches en enseignements pour la transition écologique. C’est une fois que le chiffre d’affaire des activités digitales des entreprises a atteint un certain seuil de profitabilité que celles ci ont massivement investit dans le digital et se sont réellement transformées en profondeur.
Ainsi transformer son business model passe par l’abandon des projets délétères et le lancement de produits, services et projets régénératifs. Des produits qui intègrent, dès leur conception, les responsabilités de l’entreprise devant la nature et les générations futures. Des produits qui contribueront à la régénération de la nature (dont les humains) à horizon des 5 à 10 ans tout en restant viable économiquement à court terme. Des produits qui transformeront l’entreprise progressivement en entreprise régénérative au fil des innovations lancées. Des produits et services issus de pratiques régénératives. En mesurant les impacts de ces nouvelles pratiques mises en place. Sans oublier les projets menés par les collectivités territoriales qui contribuent à la qualité de vie des habitants dans de nouvelles relations mutuellement bénéfiques.
Nous avons conçu le business model canvas de l’entreprise régénérative. Un outil et une série d’ateliers lancer de nouveaux produits, services issus de pratiques régénératives avec son réseau de partenaires ou un projet territorial à visée régénérative. En savoir plus.
Le business model canvas de l'entreprise régénérative
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