LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE…EN TRIPLE IMPACT : ÉCONOMIQUE, ENVIRONNEMENTAL, SOCIÉTAL

« Notre modèle agricole et alimentaire, hérité des Trente Glorieuses, s’est industrialisé, spécialisé, internationalisé. Il a permis à la France de devenir une grande puissance agricole, mais à quel prix ? Il doit aujourd’hui composer avec des contradictions de plus en plus aigües : produire plus mais mieux, nourrir local tout en commerçant global, garantir des prix bas tout en assurant des revenus décents, préserver l’environnement sans sacrifier la compétitivité. La France importe désormais une part croissante de sa consommation alimentaire et dépend, pour produire, d’intrants, de machines et parfois de main d’œuvre venus d’ailleurs. Finalement, et si la question de la souveraineté n’interrogeait pas d’abord notre modèle ? » Vincent MARCUS, chef du service de la statistique et de la prospective au secrétariat général du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

Pourtant les dépenses de l’état favorables à l’environnement dans le secteur agricole restent faibles et s’élèvent à 1,4 Md€ en PLF 2025. Elles recouvrent principalement l’accompagnement dans le développement et le déploiement d’alternatives aux produits phytopharmaceutiques comme le « Plan Ecophyto 2030 », le plan de développement des haies ou encore le fonds en faveur de la souveraineté alimentaire et des transitions. La part des superficies cultivées en agriculture biologique dans la superficie agricole utilisée était de 10,7 % en 2022, et devrait passer à 14,2 % en 2025 puis 18 % en 2027. (source)

L’objectif d’aller vers 21% de surfaces agricoles cultivées en bio d’ici à 2030, qui avait été effacé par la droite au Sénat portée par un certain Laurent Duplomb, avait finalement été rétabli dans la loi d’orientation agricole en Février. Laurent Duplomb avait invoqué la crise du secteur de l’agriculture biologique pour justifier la suppression des objectifs chiffrés, estimant que ceux-ci risquent de renforcer le déséquilibre entre l’offre et la demande. « Est-ce qu’aujourd’hui, objectivement, avec 8 % de la surface agricole en bio et le marasme de la consommation, indiquer 21 % de surface, sans adéquation avec la consommation, ce n’est pas prendre les producteurs pour des imbéciles ? », avait tonné l’élu de la Haute-Loire. « Vouloir imposer une surface, un dogme politique, pour pousser les Français qui n’ont pas forcément les moyens à acheter du bio, parce que l’on veut faire baisser les prix, c’est obligatoirement envoyer les agriculteurs dans le mur », a-t-il encore dénoncé. source

Le principal argument des détracteurs du bio est la souveraineté alimentaire. En début d’année Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, appelait à un « réarmement alimentaire » pour garantir la souveraineté agricole face aux crises géopolitiques. Arnaud Rousseau a reposé les mêmes arguments quand la loi Duplomb a été promulguée la semaine dernière. «  Aujourd’hui, l’ambition de souveraineté alimentaire sort enfin du discours pour entrer dans le droit. Ce vote n’efface pas les difficultés, mais il trace une perspective  ». source

Terre de Liens dénonce ces propos : « En dédiant 43 % de ses terres à l’exportation, la France hypothèque sa souveraineté alimentaire : la surface disponible par habitant pour se nourrir est réduite à 2 100 m2, soit à peine la moitié de ce qu’il faudrait pour nourrir une personne. Notre modèle agricole est si absurde que nos terres ne nourrissent ni ceux qui la travaillent, ni ceux qui vivent autour. » source

Pour la deuxième fois de l’année 2025, le solde commercial agroalimentaire se retrouve déficitaire, annonce l’Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, datée du 16 juillet 2025. Plongeant à –432 millions d’euros en mai 2025, c’est le déficit le plus important depuis plus de 25 ans. Il est la « conséquence d’une hausse sur un an des importations en valeur (+667 millions d’euros, soit +10 %) supérieure à celle des exportations (+224 millions d’euros, soit +3 %) ». source

Les exportations progressent de 4 % sur un an, notamment celles de céréales (+11 %), tirées par les expéditions de maïs vers l’Union européenne et, dans une moindre mesure, de blé. Les
exportations en volume de blé tendre notamment baissent par rapport à mars 2024 (- 0,7 million de tonnes) dans un contexte de prix baissiers. Celles d’animaux vivants sont en croissance (+18 % sur un an), « principalement des bovins à destination de l’Espagne et de l’Italie ». Cependant, ces hausses sont contrebalancées par le recul des exportations de légumes et des produits de la pêche. source

Ainsi les productions qui peuvent bénéficier de la loi Duplomb ne sont pas essentielles à la souveraineté alimentaire française. D’abord car nous produisons l’équivalent de 140 % de nos besoins pour le maïs, 170 % pour la betterave sucrière, 103 % pour le porc. Ensuite car une grande part de ces productions est dédiée à l’exportation : respectivement 35 %, 53 % et 23 %. Enfin, car leur apport pour l’alimentation humaine est discutable, notamment le sucre ajouté aux produits industriels ou le maïs qui sert de fourrage pour des élevages étrangers. (source)

Par contre c’est la filière bio qui n’est pas soutenue alors que les ventes repartent à la hausse aprés un recul des ventes dû au déréférencement des produits par les grandes surfaces non spécialisées. D’après les données GSA de Circana, les produits bio ont progressé en chiffre d’affaires en GSA au mois de juin 2025, malgré une baisse de l’offre vs. juin 2024. Parallèlement, les magasins bio connaissent une croissance soutenue sur ce premier semestre, de l’ordre de +5%.

Il est possible à l’agriculture biologique de produire suffisamment pour toute l’humanité. Des chercheurs affirment qu’il est possible de nourrir plus de 9 milliards d’êtres humains en 2050 avec 100 % d’agriculture biologique, à deux conditions : réduire le gaspillage alimentaire et limiter la consommation de produits d’origine animale. Ainsi cette transformation inclut une réflexion sur nos habitudes alimentaires et pas seulement sur les modes de production ou sur les rendements. source

L’idée que manger bio est nécessairement plus onéreux est profondément ancrée dans notre imaginaire collectif. Pourtant, une nouvelle étude menée par l’Observatoire National de la Consommation Responsable révèle que l’écart entre les produits bio et conventionnels s’est considérablement réduit, passant de 79% en 2015 à seulement 34% en 2025. Les ménages adoptant une alimentation bio raisonnée économisent en moyenne 15% sur leur budget annuel. source

Il est donc tout a fait possible d’envisager une agriculture en triple impact économique, environnemental et sociétal. Mais cette bascule ne peut se faire qu’en mobilisant tous les acteurs pour soutenir les agriculteurs engagés dans cette transition écologique. Y compris les consommateurs (et les distributeurs). C’est bien le modèle économique de l’agriculture et au delà des filières alimentaires, textiles qui est à reposer.

Nous avons développé le business model de l’entreprise régénérative pour optimiser les interdépendances entre les sphères économiques, sociales et environnementales de façon systémique afin de permettre à l’entreprise d’œuvrer non seulement pour la création de valeur économique, mais aussi pour la création de valeur environnementale et sociale. La particularité étant que l’entreprise n’agit plus seule, elle est un acteur au sein d’une coalition.

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