REPLAY L’ARCHITECTURE REGENERATIVE

Voici un compte rendu détaillé de la table ronde intitulée « Architecture régénérative », qui réunit trois professionnels de Regenesis Institute pour discuter d’une approche de l’architecture allant au-delà de la simple durabilité pour viser la régénération du vivant et des liens sociaux. Nancy Picard, Design et Développement Régénératifs, Ecotransition – Francois Peyrard, Architecte DPLG, Nouveaux récits – Corine Mermillod, Co fondatrice, Archidoers – Marika Frenette, Architecte et urbaniste, Wigwam®

Voici une note de tendance pour poser la théorie. 

Lien vers la vidéo : https://youtu.be/iNLewM2AFto

Introduction et Panélistes

La séance est animée par Nancy [05:58], une ingénieure agroalimentaire québécoise reconvertie dans le bâtiment durable puis régénératif. Elle introduit le sujet en soulignant que l’objectif n’est pas d’avoir un panel d’experts délivrant des vérités, mais un dispositif apprenant pour échanger sur des concepts.

Les trois panélistes présentent leurs parcours marqués par une quête de sens :

  • Corine [07:32] : Architecte active en France et en Suisse, elle est passionnée par l’architecture vernaculaire (inspirée par Hassan Fathy) et bioclimatique. Elle s’intéresse aux processus vivants qui sous-tendent l’acte de bâtir.
  • François [11:38] : Architecte au parcours atypique (ex-ingénieur mécanique), il prône une approche systémique et « augmentée » de l’architecture, où le bâtiment n’est qu’une partie d’un tout plus vaste.
  • Marika [13:02] : Architecte d’origine québécoise installée en France, fondatrice de l’agence Wigwam. Elle se définit parfois comme une « architecte de l’invisible », s’intéressant davantage aux dynamiques humaines et territoriales qu’au bâti seul.

1. Les Concepts Clés de l’Architecture Régénérative

L’Architecture de l’Invisible Les intervenants s’accordent à dire que l’architecture ne se limite pas à l’objet construit.

  • Marika insiste sur « l’invisible de l’architecture » [21:49] : toute la partie en amont (sens, ancrage, liens humains) qui ne sera pas inaugurée mais qui est essentielle pour que le projet perdure.
  • François ajoute que cet « espace caché » permet de soulever des montagnes et que l’on construit le monde de demain par cette phase sensible avant même de poser la première pierre [23:19].

Repenser le Vernaculaire Corine met en garde contre une vision du vernaculaire qui se limiterait à un « catalogue de solutions » esthétiques ou techniques.

  • Elle invite à voir le vernaculaire comme un processus vivant [30:24], issu d’un lieu spécifique et de ses interactions (culturelles, climatiques, spirituelles).
  • L’architecture régénérative doit s’inspirer de ce processus : comprendre le lieu et ses dynamiques pour laisser émerger le projet, plutôt que d’imposer un objet fini.

2. Études de Cas et Projets Présentés

Pour illustrer ces concepts, deux projets concrets sont détaillés :

A. Le Hameau des Montgolfières (Présenté par François) [47:33]

  • Genèse : Le projet naît d’un besoin social criant — le manque de structures adaptées pour les adultes autistes. Il est porté par des familles regroupées en association.
  • Concept : Ce n’est pas juste un bâtiment, mais un « projet de vie ». Il comprend des logements inclusifs pour autistes, des logements pour seniors, et un tiers-lieu (« La Papoterie ») ouvert sur le village.
  • Approche régénérative :
    • Le projet part d’une vulnérabilité (le handicap) pour créer une force collective.
    • Il implique une gouvernance partagée (société coopérative incluant la communauté de communes).
    • L’architecture sert ici de support à une inclusion sociale et à une revitalisation locale [46:28].

B. Tiers-lieu à Saint-Mars-du-Désert (Présenté par Marika) [01:03:35]

  • Genèse : Suite à la crise des Gilets Jaunes et au Grand Débat National, la mairie souhaite recréer du lien démocratique. Elle achète une maison face à la mairie.
  • Processus : Plutôt que de définir un programme (« on va faire une bibliothèque »), l’équipe a laissé le contenu émerger des citoyens.
    • « C’est nous le tiers-lieu » [01:12:05] : Une phrase clé prononcée par un habitant, réalisant que le lien humain prime sur les murs.
  • Impact systémique : Ce projet modeste (rénovation d’une maison) a créé une « onde de choc » positive (effet papillon). Il a redonné confiance aux élus, inspiré de nouveaux commerces locaux et mené à une réflexion plus large sur la transition du territoire (concept d’archipel de tiers-lieux) [01:19:48].

Conclusion : L’Effet « Goutte d’Eau »

La discussion se termine sur l’image de la goutte d’eau tombant dans un lac [01:02:32]. Contrairement au développement durable qui pourrait être une goutte tombant sur du sable (sans effet global), l’architecture régénérative cherche à créer des ondes qui se propagent dans tout le territoire.

Points à retenir :

  • Le temps long est nécessaire pour permettre l’appropriation et la co-construction [35:42].
  • Le territoire sait ce dont il a besoin : le rôle de l’architecte est d’écouter et de faciliter l’émergence de ce potentiel [01:31:32].
  • Le projet n’est pas la finalité, mais un levier pour régénérer le tissu vivant (social, économique, écologique) d’un lieu.

Autres exemples sur les lauriers de la régénération ICI

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