
Souvent associée dans l’esprit du public au monstre sacré Le Corbusier,
Charlotte Perriand mérite cet hommage muséal à bien des égards.
Tout le monde connaît son nom, sa petite bouille d’enfant
malicieuse. Mais outre sa collaboration avec un certain Charles-Edouard
Jeanneret plus connu sous le nom de Le Corbusier, la jolie Charlotte
mérite qu’on se souvienne de son talent, de sa hardiesse et de son
aura, jamais démentie.
Disparue en 1999 à l’âge respectable de 96 ans, Charlotte Perriand
demeure comme l’une des figures créatives majeures du XXe siècle,
autant comme architecte d’espace que comme designer. Elle qui avait
dédié sa vie à "la recherche sincère et constante d’un art de vivre en
accord avec son temps" continue d’influencer notre habitat
contemporain.
Pour cette première exposition monographique dédiée à Charlotte
Perriand depuis son décès, le Centre Pompidou a eu accès en exclusivité
aux archives de la créatrice et dévoile, outre sa collaboration avec Le
Corbusier ou les ateliers Jean Prouvé, l’ensemble d’un travail encore
peu connu du grand public. L’exposition présente ainsi de très nombreux
documents jusqu’alors inédits et plus d’une soixantaine de pièces
originales.
Organisé sur un mode chronologique, le parcours muséal serpente en
neuf salles au gré des temps forts de la vie de Charlotte Perriand, en
autant de thématiques qui résument l’engagement politique et créatif
d’une femme hors du commun : de L’esprit moderne au Le logement
minimum, de L’équipement collectif à La montagne. Plusieurs maquettes
de projets non réalisés, des mises en situation d’espace, des documents
écrits, des photographies d’époque et un film inédit ponctuent la
présentation.
Théoricienne de l’art d’habiter et designer engagée, Charlotte
Perriand s’est très tôt intéressée aux questions de son temps liées aux
logements, aux équipements collectifs et aux nécessités fonctionnelles
de l’habitat. Femme de convictions, elle adhérera quelque temps à un
Parti Communiste Français encore balbutiant, sera l’une des premières à
vanter les mérites esthétiques et fonctionnels de matériaux nouveaux
comme le métal, s’associera à Le Corbusier et Pierre Jeanneret en 1927
et cofondera en 1929 l’Union des Artistes Modernes (UAM), association
radicalement rénovatrice.
Passionnée par la culture japonaise qu’elle découvre en 1940, elle
ne cessera de lui déclarer son amour, aménageant l’ambassade du Japon
en 1966 et réalisant La Maison de thé alors qu’elle a 90 ans.
Installée au Brésil aux côtés de son époux, elle est séduite par la
culture riche et exubérante de ce grand pays et assiste à la naissance
de Brasilia. Enfin, passionnée de montagne, Charlotte Perriand
collaborera pendant presque vingt ans, de 1937 à 1986, à la création de
la station de ski Les Arcs. Intervenant au niveau de l’urbanisme, de
l’architecture et de l’équipement intérieurs des appartements, elle
privilégie les larges baies vitrées donnant sur l’extérieur, les
cuisines ouvertes et une économie très étudiée de l’espace. L’ensemble
souligne l’importance accordée à la relation intérieur/extérieur et sa
recherche d’un rapport harmonieux entre l’homme et son milieu.
Un talent rebelle et merveilleux à rapprocher de celui de son illustre aînée, l’irlandaise Eileen Gray.
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