Le laboratoire suisse Roche est devenu en 2007 le 3e
laboratoire mondial, par le chiffre d’affaires, à 42,22 milliards de
dollars (29 milliards d’euros), devant son compatriote Novartis (39,8
milliards de dollars). Chaque bilan annuel amène son lot de surprises
dans le secteur pharmaceutique. En 2006, Sanofi-Aventis était éjecté du
podium par Novartis. En 2007, c’est donc le tour de Novartis.
Les résultats 2007 ont été marqués par les
facteurs de risque désormais inhérents à l’activité. Il a ainsi suffi
qu’une étude de la Cleveland Clinic (Etats-Unis) jette la suspicion sur
les dangers cardio-vasculaires engendrés par l’antidiabétique Avandia,
pour que la chute des ventes de ce produit (plus de 50 %) influe
directement les comptes du 2e laboratoire mondial,
GlaxoSmithKline (GSK). Le géant pharmaceutique britannique a ainsi vu
baisser de 2,2 % son chiffre d’affaires, à 22,72 milliards de livres
(30,4 milliards d’euros), et de 3,2 % son bénéfice net à 5,24 milliards
de livres.
Novartis a souffert lui aussi de la concurrence des
génériques. En 2007, quatre de ses brevets sont tombés dans le domaine
public sur le marché américain (Lotrel, Lamisil, Trileptal et Famvir).
Mais à ce risque attendu est venue s’ajouter l’exigence de sécurité
croissante des agences sanitaires : le Zelnorm, qui permet de lutter
contre l’irritation du côlon – il a contribué pour 488 millions de
dollars au chiffre d’affaires du groupe suisse en 2006 – a été retiré
du marché par la Food and Drug Administration (FDA) en raison des
risques cardio-vasculaires qu’il engendrait chez certains patients.
RÉDUIRE LES COÛTS
Sanofi-Aventis,
dont le chiffre d’affaire stagne en 2007 à 28,05 milliards d’euros,
souffre encore du refus des autorités sanitaires américaines
d’homologuer son produit contre l’obésité, Acomplia-Zimulti. Entre les
génériques qui vont dévorer entre 8 et 12 milliards de dollars de
chiffre d’affaires par an jusqu’à 2012 et les difficultés croissantes à
mettre sur le marché de nouveaux produits, les laboratoires tentent désespérément de réduire les coûts. "Auparavant,
les entreprises du médicament parvenaient à lisser les aléas avec une
réduction de la force de vente ou la fermeture d’un site industriel.
Mais ces marges de manoeuvre ont disparu. Toute baisse du chiffre
d’affaires se retrouve dans les comptes", explique Thierry Verrechia, analyste chez Raymond James.
Delphine Le Louet, analyste chez Lombard Odier, note pourtant que les "résultats 2007 sont toutefois meilleurs qu’attendu". Sans doute parce que les directeurs financiers avaient affiché une attitude volontairement pessimistes. Mais, pour Mme
Le Louet, le caractère stratégique du marché américain va perdre
progressivement son importance. La montée en puissance de l’Asie et de
l’Amérique latine finira par "relativiser un retrait de produit ou un refus d’autorisation de mise sur le marché outre-Atlantique".
Pour
soutenir les cours dans cet environnement déprimé, les laboratoires ont
utilisé la trésorerie dont ils disposent pour racheter leurs propres
actions.

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