Communication responsable : Bruxelles presse pour un nouveau standard d’étiquetage des produits alimentaires


Etiquettes aux petits oignons

Alimentation. Bruxelles veut améliorer l’information des consommateurs.
  JULIE MAJERCZAK

 

On ne cesse de nous répéter que l’obésité nous
menace, que le surpoids de nos enfants est alarmant et on nous implore
de manger sainement
. Soit. Pourtant, même avec une paire de lunettes
grossissantes, un dictionnaire sous le bras et trois bonnes heures
devant soi, déchiffrer les étiquettes dans les rayons des supermarchés,
s’y retrouver dans la jungle des labels et déjouer les pièges des
allégations commerciales vantant les vertus supposées de tel et tel
produit, reste un défi pour le commun des mortels.

La Commission européenne a décidé de nous venir en aide. Elle vient
de concocter près de 90 pages pour améliorer et harmoniser l’étiquetage
des produits alimentaires (1). Passage en revue des principales mesures
censées nous simplifier la vie.

Des mentions visibles

Trop d’information tue l’information. C’est aussi vrai des
emballages modernes qui regorgent de mentions en tout genre. Problème,
les plus importantes pour le consommateur sont souvent «écrites en tout petits caractères, sinon cachées ou noyés sous les slogans publicitaires»,
reconnaît la Commission européenne. Elle souhaite donc remettre un peu
d’ordre dans l’anarchie actuelle. D’où sa mesure clé, rendre
obligatoire la mention des six informations nutritionnelles
essentielles : valeur énergétique, lipides dont acides gras saturés,
glucides avec une référence spécifique aux sucres et teneur en sel. Le
tout devant figurer à l’avant de l’emballage. Ces informations devront
aussi être d’une hauteur minimale obligatoire de 3 millimètres.

A noter cependant, les allégations nutritionnelles ou de santé du
type «sans sucre», «light» ou «pauvre en cholestérol», réglementées
depuis 2007, ne vont pas disparaître pour autant.

Des allergènes jamais incognito

Des cacahuètes aux crustacés en passant par le lait ou la moutarde, le signalement obligatoire d’ingrédients pouvant «causer des allergies ou des intolérances»
sera étendu aux denrées alimentaires non emballées (pâtisseries,
sandwiches…) Les restaurants et les lieux de restauration rapide
devront aussi les afficher ou les rendre disponibles sur demande.

Produits d’origine sous conditions

A côté des appellations d’origine contrôlée, ultra-réglementées,
comme le jambon de Parme, les fabricants ont la possibilité d’indiquer
la provenance d’un produit. Ces «fabriqué en Normandie», «made in
Spain» ou «d’origine communautaire» resteront optionnels, mais
Bruxelles définit des critères pour éviter les utilisations abusives.
En gros, les ingrédients caractéristiques du produit devront réellement
venir du pays ou de la région indiquée.

Les alcools exemptés

Ils ont beau être peu recommandés dans les régimes alimentaires et
déconseillés en cas de maladies cardio-vasculaires, le vin, la bière,
et les spiritueux échappent à un étiquetage nutritionnel. Les pressions
des producteurs relayées par certains Etats membres, dont la France,
ont permis de les faire passer entre les mailles du filet.
Seuls les
«alcopops» (mélange d’alcool et de jus de fruit) devront se soumettre
aux nouvelles règles d’étiquetage. A défaut d’une véritable révolution
dans nos grandes surfaces, on devrait tout de même y voir plus clair.
Et, c’est tant mieux. Mais pour lutter contre l’obésité, il faudra plus
qu’une réforme des étiquettes.

 

(1) La Commission a fait sa proposition de
règlement le 30 janvier, elle doit encore être adopté par le Parlement
européen et le Conseil des ministres (représentant des Etats membres).
Après quoi, les mesures s’appliqueront directement dans tous les pays
de l’Union européenne.

source : Liberation

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