
Je
m’explique : pendant 20 secondes, on y voit une mère de famille mettre
successivement plusieurs ingrédients dans un robot-mixer : 4 oranges
pelées, un poisson entier cru, des épinards sortis d’une boite de
conserve et une rasade d’huile.
Au fur et à mesure qu’elle verse ces ingrédients, elle dit :
«Chaque jour votre enfant a besoin de vitamine C, de vitamine B6, de vitamine B9 et de vitamine D.»
Puis elle mixe le tout, et propose un bol de l’immonde brouet verdâtre à son fiston en disant «Tiens mon chéri». Celui-ci, évidemment, fait la moue.

Plan suivant : elle verse une cuillerée de Nesquik dans un bol, puis du lait et dit :
«Et
pour bien démarrer la journée, il y a Nesquik avec de la vitamine D, du
calcium, du magnésium et son goût chocolat unique. Nesquik, le plein de
vie dès le matin.»
Tout sourire, le môme se lèche les babines.
Ainsi, est présenté d’une part un repas soi-disant équilibré et des
plus répulsifs. De l’autre, son pseudo équivalent, c’est-à-dire un bol
de Nesquik !
Attention,
loin de moi l’idée de décrier le Nesquik en tant que tel, qui est
parfaitement acceptable comme boisson pour enfants au petit déjeuner.
Mais, surfant sur la vague santé, Nestlé a choisi de faire de son
Nesquik rien moins qu’un vrai repas, tout en dépréciant au passage les
légumes, le poisson ou l’art de cuisiner.
Mieux,
Nestlé prétend nous faire conclure qu’il y a des vitamines B6 et B9
dans sa poudre chocolatée, ce qui est ni plus ni moins qu’un gros
mensonge. Et mon Nesquik, c’est du poulet ?
Ah je les entends déjà se récrier, les marketeurs de Nestlé : «Mais si, c’est dans le lait !» Ben
voyons. Prompt à s’accaparer les apports nutritionnels du lait, Nesquik
reste muet sur la composition de sa poudre elle-même.
De plus, ce spot joue sur la figure de la «bonne mère» et sur les ressorts de son éventuelle culpabilité : «Je voudrais bien lui donner un repas équilibré, mais vous voyez, il n’en veut pas…»
Pas de problème, madame Maman, grâce à Nesquik, voici l’équivalent.
Pourquoi s’obstiner à varier les menus, à diversifier le goût, à
proposer des légumes honnis ou de l’immonde poisson ?…
Et
pourquoi —en poussant la logique du spot— ne pas proposer à votre
enfant du Nesquik matin, midi et soir, sans compter un biberon
chocolaté pour s’endormir… Ce sera tout bénéfice pour sa santé.
Surtout ça procurera à Nesquik de belles parts de marché… C’est que justement les ventes stagnent, grignotées par les céréales.
On notera, comble de l’hypocrisie, la mention sanitaire obligatoire qui figure, en tout petit bandeau, en bas du spot : «Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour».
Ce
qui est donc allégrement démenti par cette pub. Une fois de plus, voilà
la preuve que cette mention est vidée de son sens par l’industriel
lui-même. Qui pourtant, pas gêné, se vante sur son site de rechercher «l’adéquation permanente aux recommandations de santé publique»…
Tiens,
et que dit le BVP (Bureau de vérification de la publicité) si prompt à
censurer par ailleurs la moindre parcelle de peau nue ? Eh ben rien.
Quant à l’Inpes
(l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé), qui
finance des campagnes de santé publique, il doit être content face à un
tel sabotage.
http://inventerre.canalblog.com/archives/2008/03/05/8202162.html


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