La nature crée des
chaînes alimentaires, recycle ses déchets, équilibre ses écosystèmes.
Et si nos villes et nos industries s’inspiraient de ces principes ?
C’est ce que proposent les partisans de l’écologie industrielle.
Partout, y compris en France, des réalisations prometteuses sont en
cours. Le point sur le grand défi du XXIe siècle.
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La vidéo du Monde 2 : "Green Memory"
envoyé par lemondefr
"Green Memory" par Pascale Peyret, musique de Martin Wheeler, montage Linda Attab post-prod Adrien Pavillard.
La peur est mauvaise conseillère. L’industrie n’est pas vouée à
détruire l’environnement. Nous devons sortir de cette impasse
intellectuelle. Ecologie et industrie, environnement et business vont
et doivent s’associer – s’harmoniser. Le grand défi de ce siècle sera
l’écologie industrielle. D’accord, "écologie industrielle", cela sonne
comme une contradiction dans les termes. Mais une nouvelle manière de
penser apparaît justement impensable au début. L’écologie industrielle
(EI) est un "paradigme neuf" comme disent ses théoriciens – un
mouvement international d’idées, d’entrepreneurs et d’acteurs de
terrain.
Ecoutons l’un d’eux, Suren Erkman (Vers une écologie industrielle,
Ed. Mayer, 2004). Nous sommes à Genève, dans les locaux de Sofies, sa
société d’étude de projets technologiques et environnementaux. Ancien
journaliste scientifique, ce biologiste de formation, suisse de 53 ans,
a formalisé plusieurs des concepts importants de l’EI dès le début des
années 1990, avant d’enseigner à l’université de technologie de Troyes,
puis à Lausanne.
"L’écologie industrielle repose sur
trois idées fortes. La première est d’imaginer le tissu industriel et
urbain comme un cas particulier d’écosystème, qu’il faudrait faire
fonctionner comme tel. De fait, tout ensemble d’industries fait
circuler certaines quantités de matières, d’énergie, d’information, de
déchets, de gaz, d’espèces vivantes, comme tout système naturel. Nous
pouvons en analyser le métabolisme, c’est-à-dire les flux, les stocks,
les dépenses, les pertes, les dégradations comme pour un ensemble
vivant. Deuxième idée forte, nous pourrions tendre à optimiser et
boucler ce système pour qu’il récupère au mieux ses dépenses d’énergie,
minimise ses déperditions, réutilise ses déchets et réduise son impact
environnemental à l’image d’un écosystème naturel ou d’une chaîne
alimentaire."
Des exemples concrets ? "Le traitement des
déchets fournit des modèles classiques, mais limités, d’écologie
industrielle. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises utilisent les
détritus des décharges urbaines comme nouvelle matière première ou
comme combustible."
La troisième idée forte ? "Elle
consiste à mettre en place des technologies propres et des symbioses
qui permettent la réintégration des produits et des matériaux à
l’intérieur même des chaînes de recyclage de la biosphère. Au final,
l’EI se propose de repenser toute notre activité de production et de
consommation sur le modèle des écosystèmes…"
Suren
Erkman n’est pas seulement un des théoriciens importants de l’écologie
industrielle. Il a mené des opérations de recyclage de déchets textiles
en Inde, contribué à l’adoption par l’Etat de Genève d’une loi adoptant
plusieurs principes de l’EI. Il dit des choses dérangeantes.
"Aujourd’hui,
la politique écologique arrive à une impasse. En nous focalisant sur la
pollution, les déchets, le traitement en fin de processus , nous ne
réglons rien. La dépollution ne fait souvent que déplacer la pollution.
Le traitement des eaux usées produit de l’eau propre, mais aussi des
boues d’épuration pleines de métaux lourds. Si vous les épandez sur les
sols, vous les contaminez. L’incinération des déchets urbains permet de
réduire les volumes, mais pollue l’atmosphère. Il faut filtrer les
fumées, mais il restera encore des cendres, des eaux de rinçage. Nous
voyons bien qu’une action cloisonnée, que ce soit la dépollution ou la
réduction des émissions, ne propose que des solutions partielles. Elle
procède par petites améliorations, avec des technologies adaptées mais
limitées. A la longue, cette méthode renforce le système industriel
actuel."
L’INDUSTRIE, UN SYSTEME PRIMITIF
Vous
l’aurez compris, les partisans de l’écologie industrielle affirment
disposer du seul cadre conceptuel global permettant de mettre en œuvre
le "développement durable". "Prenez le bâtiment, continue Suren Erkman. Il
faudrait imaginer des stratégies de dépollution et de recyclage tout au
long de la chaîne de construction. Renaturalisation des carrières de
pierre, matériaux isolants, valorisation des déchets, chauffage
solaire, immeubles plantés de terrasses. Même stratégie pour
l’industrie automobile. Nous aurions dû investir depuis longtemps dans
le remplacement du moteur à explosion. Mais nous avons préféré dépenser
des sommes colossales pour l’améliorer. Résultat, il devient très
difficile de rénover l’infrastructure, tandis que des millions
d’Indiens et de Chinois veulent acheter des voitures qui vont encore
rouler au pétrole."
Depuis des millions d’années, les
écosystèmes se perpétuent et se renouvellent. Nous savons pourquoi. Ils
utilisent une énergie solaire abondante, les processus chimiques de
décomposition transforment les déchets en éléments nutritifs et
énergétiques, le gaspillage reste très réduit et le recyclage est de
règle, les substances toxiques sont générées et utilisées localement,
l’interdépendance écologique des individus est permanente,
l’autorégulation de mise. Ce sont des systèmes stables, autorégulés,
résilients et résistants.
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Pour aller plus loin, tu peux voir et télécharger le rapport d’innovation courts circuits sur l’alimentation responsable
Il a été présenté lors de les aperos du jeudi du mois de mars : la SOIRÉE VERTE

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