Ventiler les contenus dans la ville numérique : comprendre les usages urbains pour développer une gouvernance adéquate

Lu sur Ludigo

Territoires informés

Une
recherche sur les territoires d’informations géo-localisées et sur les
villes numériques suppose un préalable méthodologique : mieux
identifier le fonctionnement des métropoles, comprendre quels usages
sociaux, urbains vont s’y développer et quels types de contenus y
seront diffusés.

La
problématique de l’organisation de ces territoires est centrale : quels
modèles de gouvernance peuvent y répondre ? Si ces nouveaux territoires
d’informations précipitent de nouvelles acceptions/dimensions de
l’espace public – en ce sens, ils ne se construiront pas sans les
opérateurs classiques de l’action publique –, il faut néanmoins prendre
en considération l’activisme des acteurs privés face à une relative
absence de politiques publiques claires. Ce dossier tente ainsi de
mieux comprendre quels acteurs peuvent travailler et comment, à la
création, la maintenance et si nécessaire au contrôle de ces
protocoles, programmes et contenus.

Nous ne souhaitions a
priori pas trancher pour une approche « libertaire-libérale » propre au
modèle Internet et aux dynamiques 2.0, ni pour une préconisation
régulatrice type gouvernementale (ou « Gargantuesque » : cf. article de
Philippe Estèbe). Il nous semble falloir prendre en considération
simultanément les logiques propres aux TIC et celles des territoires
aujourd’hui, pour définir un modèle nouveau qui probablement
intègrerait un système de régulation. En effet, une régulation nous
semble nécessaire car, pour que ces territoires soient fluides,
mobiles, partagés et économiquement viables, ils feront appel à de
nouveaux dispositifs gérant une information géo-localisée et
probablement comportementale. Ces dispositifs dialogueront avec nos
nouvelles « coordonnées mobiles » (adresse IP, lap top, smart phone…).
Cette hyper connectivité – et les contenus qu‘elle suppose – posera
donc inévitablement des questions de sécurité, de confidentialité, de
production, de lisibilité et de représentation même des territoires,
donc modèlera de nouvelles formes et fonctions de « vivre ensemble ».
Quel principe d’organisation adopter ? Auto-régulation, co-régulation,
inter-régulation ? Aujourd’hui l’enjeu nous semble moins d’écrire les
règles ou de préciser les résultats à en attendre, que de travailler à
l’élaboration de méthodes d’actions coproduites.

Afin de
développer ce dossier, nous avons essayé de manière très pragmatique
d’identifier les acteurs et de repérer leurs comportements ainsi que
les différentes typologies d’études et d’actions sur le territoire.
Nous avons rapidement mesuré l’ensemble des glissements concernant la
définition des territoires et la volonté croissante pour de multiples
acteurs d’influer les politiques locales ou sectorielles. Parallèlement
est apparu l’impact profond de nouveaux territoires dématérialisés,
territoires d’informations notamment, qui « vivent » avec ou contre,
c’est selon, les logiques locales.

Parmi les divergences entre
ces types de territoires, l’un des principaux problèmes est
certainement le profond antagonisme entre d’une part des systèmes
politiques dont la légitimité n’existe que par le territoire (national
ou local) et d’autre part les logiques de flux d’informations qui se
vivent à l’échelle mondiale et n’ont besoin, elles, d’aucune approche
idéologique ni de réelle légitimité.

Ces deux dimensions
sont-elles pour autant inconciliables ? Apparemment non car les
opérateurs publics commencent à prendre conscience des exigences d’une
société numérique omniprésente et à entrevoir comment les TIC
participent activement à la valorisation des territoires – tout en
précipitant des bouleversements irréversibles. Les acteurs privés quant
à eux, cherchent pour beaucoup à intégrer une efficacité au plus près
des consommateurs, testeurs, chercheurs, citoyens, donc travaillent à
décrire et sérier de nouvelles acceptions des « territoires ». Tous les
prétendants à cette action publique cherchent des systèmes plus
transversaux et plus efficaces, plus proches et plus globaux pour agir.
La plupart de ces acteurs sait que pour répondre aux enjeux des
nouveaux territoires, il convient d’assumer la complexité systémique et
probablement plus agir à l’endroit de la mise en relation que de la
législation. En cela nous reposons les questions de gouvernances. Si ce
terme est souvent décrié, car trop flou, utopiste, naïf et consommateur
d’expertises, il raisonne aussi comme une possible réponse aux nouveaux
besoins rencontrés par nombre d’acteurs. Certaines expériences mises en
œuvre, apportent des éléments de méthode à partir desquels pourraient
s’édifier ces futurs territoires d’informations.

Bruno Caillet

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