De tous côtés la rumeur médiatique enfle : le
capitalisme financier se serait suicidé par excès boulimique de ses
dirigeants. Partout et d’abord en en son cœur étatsunien, la politique
est appelé à la rescousse pour rétablir la capitalisme sur des bases
économiques industrielles saines qu’il n’aurait jamais dû abandonner,,
au service d’un taux de croissance et de développement durable
raisonnable en richesses réelles de quelques %.
Un tel retournement idéologique laisse sans voix ceux-là même
qui avait annoncé la crise, sinon pour dire qu’ils l’avaient bien dit
et qu’il conviendrait maintenant de réguler le capitalisme pour sauver
sa dynamique fondamentale en le socialisant. Mais ils sont en cela
accompagnés par ceux-là même qui quelques temps plus tôt disaient que
tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Plus
de conflit entre libéraux hyper et libéraux sociaux. Le libéralisme
n’est libéral que par une régulation politique qui rétablirait le jeu
normal des acteurs qui suppose la confiance dans la valeur et le crédit
que l’on s’accorde les uns aux autres grâce à des institutions
politiques capables d’assurer les équilibres économiques et sociaux et
à la vertu de dirigeants financiers soucieux de mettre leur compétence
supposée au service du bien public en renonçant à faire de leur pouvoir
un lieu d’enrichissement privé personnel et collectif illimité.
Face à une crise potentiellement mortelle, cette unanimité plus ou
moins honteuse ( voir l’abstention du PS) pour sauver la système, se
comprend de par l’absence de toute autre alternative à court terme : il
faut sauver de toute urgence le système de crédit et restaurer la
confiance sur lequel repose les fondamentaux de toute économie de
production et d’échange. Il faut voler au secours des institutions
financières par la seule garantie qui vaille : celle des états dont on
sait qu’ils ne peuvent être en faillite grâce au pouvoir de lever
l’impôt. Il faut d’abord mettre la finance sous perfusion pour
seulement ensuite envisager un traitement de fond de sa boulimie
délirante. Soigner un malade déjà mort serait une absurdité manifeste.
Mais cette boulimie du profit pour le profit disent les
anti-capitalistes patentés n’est -elle pas l’état normal de toute
économie capitaliste et l’impérialisme du capitalisme financier que
l’on rend responsable de la crise n’est-il pas inscrit dans la logique
même de l’économie capitaliste mondialisée ? Certainement, mais la
forme de cette mondialisation et l’autonomie exorbitante de la sphère
financière qui en est résultée a précisément instauré une dictature
économico- politique d’autant plus despotique qu’elle est anonyme et
sans lieu de pouvoir centralisé , dictature baptisée par une
anti-phrase ultra- libérale, au mépris de toute l’histoire, très
conflictuelle sur ce point, de la pensée libérale. Le libéralisme ultra
est précisément suicidaire et liberticide telle est la première
conclusion que l’on doit tirer de la crise.
Or il y a en a une seconde : cet ultra libéralisme despotique ne
peut l’avoir temporairement emporté que parce qu’il a secrété une
idéologie anti-politique et que cette idéologie à conquis le pouvoir
politique lui-même par la voie formelle de la démocratie en faisant du
capitalisme hyper-libéral une extension fantasmatique de la démocratie
individualiste.. C’est là que réside précisément le nœud de la
manipulation politique du despotisme pseudo-libéral, à savoir avoir su
masquer, à coup de fausses promesses libertaires ou libertariennes et
en stimulant l’hystérie consommatrice narcissique et compétitive, toute
la contradiction irréductible entre la démocratie politique qui vise la
solidarité et la réduction des inégalités réelles en vue de la concorde
civile et la logique du profit privé en tant que seul but possible de
l’économie et de l’idéologie capitaliste. (Travailler et/ou investir
plus pour gagner plus comme seul principe de la politique économique et
sociale)
Ce qui est en cause dans cette unanimité anti-capitaliste
financier que notre gouvernement voudrait voir avalisée par le PS au
nom de l’unité nationale c’est bien la délégitimation de cette
idéologie politique dite ultra-libérale. Le capitalisme n’est pas
démocratiquement légitime, sauf au prix d’un mensonge qui est
aujourd’hui défait et sans effet politique. Reste au PS et à tous ceux
qui se réclament de la démocratie de proposer une alternative politique
qui restitue la légitimité sociale à la démocratie. Or c’est bien là
que la bât blesse : l’ultra-libéralisme délégétimé ne suffit pas à
restaurer la confiance dans la démocratie parlementaire. Celle-ci subit
nécessairement le contre-coup de sa défaite face à l’idéologie
ultra-libérale. Sauf à soumettre le capitalisme à des normes sociales
plus justes, tout en sachant que ces normes, le capitalisme n’aura
qu’un but : les détourner, la légitimité de la démocratie subit le même
sort que celle du capitalisme dérégulé. Ce que les citoyens savent
d’expérience, c’est que la confiance relative dans l’économie, y
compris capitaliste, suppose d’abord la confiance dans la démocratie
égalitaire ; or celle-ci ne peut s’imposer que dans un conflit
politique et social permanent contre le logique du capital livré à
lui-même.
Le capitalisme pacifié est un mythe anti-démocratique.
L’économie étatique administrée et anti-libérale ayant conduit et
conduisant nécessairement au totalitarisme politique et social, la
régulation démocratique internationale du capitalisme sera un combat
social et politique perpétuel ou ne sera pas ; il ne laisse aucune
place à l’unanimisme national que la droite, toute honte bue au regard
du bouclier fiscal et de la quasi-suppression des droits de
succession, prétend mener au nom d’un libéralisme régulé afin de
préserver la logique et de restaurer la légitimité compromise du profit
privé comme seule fin de la vie sociale.
Le capitalisme n’est pas mort, ce qui est mort c’est l’idée d’un capitalisme autorégulé spontanément démocratique
Posté sur : le vide poches / planning stratégique
Posté par : jérémy dumont

Laisser un commentaire