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Quand Ségolène Royal entre dans la mêlée du congrès, elle ne dédaigne
pas de s’entourer des meilleurs spécialistes. Après avoir, au Zénith,
exhorté ses fidèles à la «fraternité», l’excandidate à la
présidentielle vantait récemment à ses amis politiques,
ex-international de rugby à l’appui, les vertus du pack. La semaine
dernière, à son QG du boulevard Raspail, à Paris, les participants au
traditionnel déjeuner de travail du mardi ont ainsi pu entendre,
quelque peu ébahis, coach «Ségolène» leur dévoiler son nouveau schéma
tactique : «Le problème du PS, c’est que les gens n’ont pas d’esprit
d’équipe. Nous devons donc faire différemment de ce qui se passe au
parti.» Et, prenant exemple sur le rugby, «sport collectif où on est
obligé de compter sur les autres», de proposer aux présents d’écouter
l’intervention de Serge Simon, ancien joueur de Bègles-Bordeaux et du
Stade Français… Stupéfaction autour de la table où ont pris place,
entre autres, outre ses proches Vincent Peillon, François Rebsamen et
Julien Dray, quelques représentants de la Ligne claire, le syndicat des
grands barons du PS alliés à Royal : Gérard Collomb, maire de Lyon,
l’élu marseillais Patrick Mennucci, et le députémaire d’Evry, Manuel
Valls. «C’était le début du déjeuner, et on avait 200 trucs à régler :
les mandataires, les déplacements, les discours», rapporte un
participant. D’où un vif agacement manifesté par certains, dont Manuel
Valls. «Comme on n’a que trois semaines pour préparer le congrès et
qu’on n’aura que trois réunions pour le faire, on peut peut-être
attendre pour parler de rugby», dit-il. Et d’adresser un petit rappel à
la candidate: «Ecoute, Ségolène, il y a 3 000 ans d’expérience
politique autour de la table…»
Cet incident de vestiaire met en lumière quelques légers problèmes de
réglage entre l’équipe Royal et ses associés de la Ligne claire. «Il
fallait se mettre d’accord sur le fait que ce n’était pas la motion de
Ségolène, mais celle d’une équipe», explique l’un d’eux. «On essaie de
lui expliquer qu’il y a un congrès, des règles et des rapports de
force» , ajoute un autre. Ce qui ne va pas sans certaines mises au
point : «J’ai 52 ans ! Il faut que tu me respectes», tonne, à l’adresse
de Royal, Patrick Mennucci, un des animateurs de sa campagne
présidentielle. Laquelle s’étonne : «Mais pourquoi vous vous énervez ?»
Et de se tourner vers son ami Jean-Pierre Mignard, président de Désirs
d’avenir : «Mais dis-leur, Jean-Pierre, qu’il y a trop de violence…»
«Vrai sens». C’est qu’au fond, Royal regrette la «tension» qui règne
dans l’équipe, et déplore que ses membres fassent «de la politique en
maniant le rapport de force» . Devant les participants «un peu gênés»,
Serge Simon interviendra tout de même cinq minutes, en toute fin de
déjeuner : «La question, ce n’est pas de rentrer dans les gens. Le vrai
sens du rugby, c’est d’être lié, de se tenir les uns les autres.»
«Extrêmement intéressant», glissent les uns et les autres avant de
filer, qui à l’Assemblée, qui au Sénat. Pas sûr que l’expérience,
pourtant, suffise à renforcer le bloc-équipe. A quand une séance avec
un colonel des paras pour préparer, en toute discipline, le saut sur le
congrès de Reims ?
David Revault D’Allonnes
source : Libération le 18 octobre 2008 http://www.liberation.fr
Posté sur : levidepoches.fr/echange
Posté par : Loïc LAMY

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