Depuis toujours, le pdg du groupement d’indépendants manie avec
brio les ficelles de la communication. Bilan : Leclerc est
indéboulonnable dans le cœur des Français.
Points de Vente – Vous avez été
particulièrement attaqué dans une récente émission télévisée d’Elise
Lucet. Pourquoi avoir refusé d’y participer ?
Michel-Edouard Leclerc –
Parce qu’il faut savoir dire non ! De nombreuses émissions télévisées
ont fait de la critique de la grande distribution un argument
d’audimat. Dans ce contexte, la transparence devient de la naïveté et
surtout je n’ai pas besoin de me défendre. Depuis dix ans et malgré les
“raffarinades”, les attaques du gouvernement Chirac, de Christian
Jacob, les mots blessants de Renaud Dutreil, etc., Leclerc est dans le
top ten des entreprises préférées des Français. Notre notoriété
provient donc, entre autres, des attaques de nos adversaires.
Il n’empêche que certains vous accusent
aujourd’hui d’avoir profité de vos accointances avec Nicolas Sarkozy
dans votre campagne contre la loi Galland…
J’ai sorti
cette campagne de la querelle corporatiste en la portant sur le thème
du pouvoir d’achat. C’était un risque politique, mais il m’a permis
d’avoir cette alliance objective avec Nicolas Sarkozy, lequel n’allait
pas réformer une loi pour défendre une catégorie professionnelle ! Pour
réformer la loi, il fallait qu’il y ait un intérêt supérieur : le
pouvoir d’achat, donc les citoyens.
Les barons du groupement sont-ils toujours d’accord avec vos prises de parole ?
Ma
communication n’est pas que de la communication. C’est un engagement,
l’énoncé d’une ligne, celle de répondre à une demande sociale. De ce
fait, en popularisant notre engagement, les Centres E.Leclerc
s’obligent. Donc la communication est pour moi un outil de management.
Notre force est de vider les abcès très vite, en amont des campagnes
que nous allons créer. Pour ce faire, nous testons toutes nos campagnes
auprès de nos adhérents, pas dans la forme mais sur l’objectif et le
fond. A ce stade, ils disent leurs craintes, leurs interrogations. Nous
en débattons et j’en tiens compte. Cela me permet d’étoffer les
argumentaires et également de faire un peu de pédagogie en interne.
Alors,
quand vous dites qu’avec la loi de modernisation de l’économie Leclerc
va diviser l’inflation par deux, tout le monde vous suit ?
Evidemment,
quand je tiens ce genre de propos, après en avoir parlé avec les
adhérents, je m’expose, je prends le risque qu’on se le rappelle et que
les médias m’interpellent. Donc, tout le groupement s’engage pour
atteindre cet objectif. Ainsi, la centaine d’adhérents qui s’occupent
des groupes d’achats ont bloqué les tarifs de nos fournisseurs,
lesquels étaient d’ailleurs en hausse moyenne de 6 % avant ouverture
des négociations pour 2009 ! Notre volonté est que les hausses de
tarifs chez Leclerc soient inférieures à 2 % en moyenne l’année
prochaine. Alors, non seulement la communication nous oblige, mais elle
fédère les énergies. Elle est en quelque sorte le ciment de la culture
d’entreprise.
N’est-il pas plus difficile aujourd’hui de communiquer sur le pouvoir d’achat puisque tout le monde le fait ?
Nous
bénéficions dans la distribution de la plus forte image prix en raison
d’abord de notre crédibilité. Or, celle-ci s’acquiert dans la constance
et la lisibilité de l’engagement de manière renouvelée et permanente.
La communication seule ne suffit pas. Il doit y avoir adéquation de la
pratique et de la communication. Sinon, c’est du vent…
Avec
la loi Galland, la communication prix était devenue illisible. Et à
part Leclerc, qui est constant en la matière, nos concurrents se sont
perdus dans un surinvestissement promotionnel. La LME nous permet
aujourd’hui de revenir au prix et nous allons nous y engouffrer. Les
problèmes de pouvoir d’achat rencontrés par les Français exigent que
l’on rassure les consommateurs sur ce qu’ils achètent. Nous devons
refaire le repère prix.
Crédits: Cluster21
source : Pointsdevente
Posté sur : levidepoches.fr/expression
Posté par : Loïc LAMY

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