Raisonner Métis, ou l’intelligence collective au service de la marque, par Christian Gatard

Michel
Hébert vient de publier Raisonner
Métis
,
Marketing
et Communication.

 

 

 

Quand
le patron de Jump France/La compagnie “Métis”, un des dix
premiers groupes de communication de France, évoque la
stratégie de l’engueulade

« saine et revigorante », convoque l’art
de la conversation

comme outil de travail, on se dit qu’un entretien avec lui devrait
faire une très légitime escale
prospective
. On
ne s’est pas trompé.

 

Raisonner
Métis, c’est valoriser l’idée que le mélange
des genres, des cultures, des disciplines est probablement le levier
de progrès le plus prometteur. Ce n’est pas tant que cette
idée soit absolument neuve. D’Edgar Morin à Claude
Grunitzky, elle fait partie des grandes utopies du possible. Mais
avec Michel Hébert, la nouveauté permanente de cette
idée est qu’elle est appliquée à la
philosophie de son agence et que c’est devenu un outil de travail.
Ca marche en enlevant les cloisons, en échangeant avec les
voisins, en écoutant et en tapant du poing sur la table, en
ayant des convictions et en étant attentif à celles des
autres
.

Cette
philosophie, appliquée avec élégance et respect,
générosité et exigence, peut-elle réenchanter
la pub ?

Je
v
ais vite me rendre compte que le propos de Michel Hébert
n’est pas tant de réenchanter la pub que donner aux
entreprises un outil simple et efficace pour qu’elles retrouvent un
sens, pour qu’elles reconnectent avec leurs légitimités
du départ : jouer leurs partitions dans le concert des
choses de la vie
.

 

Michel
Hébert me reçoit avec Henri Tripard,  rue des
Grands Augustins, à deux pas de l’Atelier de Picasso et de
Mariage Frères
.

 

Résumé
des meilleurs moments :

 

La
démarche Métis est née d’un constat :

La
perte de crédibilité de la publicité
traditionnelle, la méfiance croissante vis-à-vis de la
rhétorique publicitaire, l’appauvrissement de la créativité,
la dégradation de l’image du métier, de la magie de
la profession, l’immobilisme des structures internes (pas
d’invention au coeur de
l’activité, toujours les mêmes appellations métiers,
les mêmes titres, les mêmes egos boursouflés…),

l’essoufflement rapide des nouveautés (le planning
stratégique a du vague à l’âme), la disparition
des repères traditionnels (tout le monde fait tout : les
sociétés de conseil financier font des films
publicitaires, les agences media font du conseil en création,
les medias font du consulting de marque…)… Et les gurus du
marketing annoncent leurs propres fins prochaines…

Bigre !
Ca fait b
eaucoup.

Ce
constat Michel Hébert l’a fait il y a longtemps – c’est
la lecture d’un article dans Advertising Age (en 92 !) qui a
mis le feu aux poudres : Changer
ou mourir
.

Mais
si il était temps de faire quelque chose, ce ne pouvait être
fait qu’avec une certaine ampleur. La philosophie Métis
s’inscrit logiquement dans un courant contemporain qui va au-delà
de la pub… et c’est sa légitimité, son originalité
et son opportunité. C’est la clé de son succès.

 

Métis,
c’est une attitude
 :
accepter de changer la donne, ouvrir les portes à l’inattendu,
accueillir à bras ouvert les Cygnes Noirs (voir Nassim
Nicholas Taleb, le
Cygne Noir
, bouquin
visionnaire et épatant qui prévient qu’on a intérêt
à s’attendre à tout sauf à ce qu’on attend).
La philosophie Métis est applicable à la pub mais c’est
parce que c’est un regard et un scénario d’action qui
permet de sortir des stéréotypes, de produire des idées
nouvelles, de brouiller les pistes. Quand
un informaticien, un roboticien et un médecin se rencontrent
sans ?illère
ils inventent la chirurgie à distance.

 

Métis
c’est une pratique
 :
le métissage selon Michel Hébert et Jump France/La
compagnie “Métis” se fait d’abord vers les annonceurs en
proposant un rapprochement radical qui s’incarne dans des concepts
d’intelligences collectives partagées, de micro-sociétés
solidaires au sein des deux entités clients/annonceurs,
d’archipels de compétences, de noeuds
de contrats au service de la globalité de la marque – ce qui
implique précisément de considérer la marque
comme un acteur social à part entière. Et dans cette
logique Métis se tourne vers les consommateurs qui ne sont
plus considérées comme de simples clients mais comme
des partenaires du monde des marques – du monde du commerce et de
l’industrie dont ils sont les tenants et aboutissants. Bref
l’intelligence collective dont il est question ici ressemble
furieusement à la société des observacteurs et
consommacteurs dont on annonce l’émergence dans tous les
compartiments du jeu sociétal. C’est une très bonne
nouvelle et une vision prospective excitante.

 

Si
Michel Hébe
rt cite souvent et avec élégance ses
inspirateurs : de Tim O’Reilly (le créateur du Web 2.0)
à Agnès Jaoui (Le goût des Autres), de Luc de
Brabantère à Joël de Rosnay,  c’est qu’il
a foi en l’ébullition intellectuelle de toutes les parties
prenantes et en leur capacité de travailler joyeusement
ensemble.


Source : http://christiangatard.wordpress.com/category/prospective-prospectives/


Publié par : Nicolas Marronnier

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