Crise oblige, la réduction des
coûts redevient une préoccupation majeure, à laquelle les technologies
vertes vont pouvoir apporter une réponse écolo qu’on appelle dans le
jargon high-tech : Green IT. Le concept repose sur une double approche
: comment les entreprises techno peuvent réduire leur consommation et
leurs déchets, et comment l’innovation high-tech peut aider toutes les
boîtes à le réaliser.
Deux bonnes raisons pour se convertir au Green IT : d’abord
l’augmentation des coûts de l’énergie qui plaide pour une utilisation
raisonnée des ressources – par exemple renoncer au principe de serveurs
informatiques toujours en marche, quelle que soit la charge, pour
passer à un système qui s’adapte à la demande. Ensuite la prise de
conscience de l’opinion qui transforme la réputation écologique d’une
entreprise en donnée stratégique. On l’a vu début décembre, lorsque la
presse s’est enflammée contre Nintendo que Greenpeace avait noté
médiocrement.
De même, un rapport du cabinet Gartner sur 24 acteurs majeurs de
l’industrie technologique cloue au pilori Microsoft ou Oracle, après
avoir délivré un satisfecit à IBM, Fujitsu et HP. Des réactions qui
iront vraisemblablement en s’intensifiant dans l’avenir.
Une Consommation d’électricité peu évaluée
La tendance verte n’est pas neuve : l’idée d’une entreprise
éco-responsable remonte à plus de trente ans, lorsque les théoriciens
du management ont constaté que les polluants et les déchets
représentaient une charge non productive. Joel Makower, auteur de « Strategies for the Green Economy »* cite l’exemple de 3M : « Le
fabricant des Post-It a mis en place dès 1970 un programme de
prévention de la pollution qui continue à ce jour et lui a permis
d’économiser des milliards de dollars. »
Aujourd’hui, une certaine confusion entoure le thème du Green IT.
Résultat, les sociétés sont souvent hésitantes à s’engager, parce
qu’elles ont du mal à identifier les opportunités. Selon une étude du
cabinet IDC, réalisée en juillet dernier avec Dell auprès de 459
directeurs IT de grandes entreprises européennes, seules 35 % des
entreprises disposent déjà d’une stratégie verte, tandis que 31 %
avouent ignorer le montant d’électricité consommé par leurs
datacenters. Idem selon l’étude menée en novembre par Extreme Networks
et Data Integration, qui indique que 20 % des boîtes seulement évaluent
la consommation électrique de leurs équipements informatiques.
La facture énergétique peut être améliorée
Nicolas Sekkaki, directeur général d’IBM Global Technology Services, explique que « dans
neuf cas sur dix, le budget consommation électrique des parcs de
serveurs n’est pas géré par la direction des systèmes d’informations.
C’est comme si vous étiez gestionnaire d’une flotte de véhicules mais
que vous n’ayez pas la main sur les approvisionnements en carburants. »
Pourtant, la facture énergé-tique constitue le premier poste
susceptible d’être amélioré par une démarche verte, grâce à des
optimisations bien pensées. « Le
nombre d’ordinateurs a été multiplié par six en dix ans et la puissance
des machines a augmenté. L’augmentation de la densité provoque un
dégagement de chaleur important, qu’on cherche à combattre. Résultat,
l’électricité d’un datacenter est consacrée pour 55 % au
refroidissement, alors que moins de 3 % servent à alimenter les
processeurs… pour un taux d’utilisation moyen des serveurs de l’ordre
de 20 % ! », estime Nicolas Sekkaki qui ajoute que « les
datacenters sont des bâtiments qui consomment entre 15 et 100 fois plus
qu’une tour de bureaux normale. Cela représente 2 % de la consommation
mondiale d’électricité, des factures énormes. Si on traduit en
équivalent carbone, l’outil informatique émet autant de CO2 que
l’ensemble des compagnies aériennes mondiales ! »
IBM propose un diagnostic complet des datacenters de ses clients, afin
d’optimiser leurs performances, mais revendique une approche encore
plus globale. « IBM
n’est pas là pour faire du marketing. Le Green IT, ce n’est pas
seulement optimiser sa consommation, c’est aussi se demander comment on
contribue à améliorer la performance des autres industries. Pas besoin
d’attendre 2012 : les solutions existent, il faut les prendre à bras-le
corps. »
Deux cas viennent appuyer cette idée, celui de la gestion automobile de
la ville de Stockholm par une série de solutions IT qui ont permis de
réduire les émissions de CO2 de 40 % après quinze jours d’installation.
Casino, bientôt suivi par d’autres grandes surfaces, a lancé
l’étiquette verte qui informe le consommateur sur l’impact écologique
des produits.
Des notes vertes pour l’IT
Cette approche plus large du Green IT est également défendue par
l’organisation écologique Greenpeace, qui s’est dotée dès 2006 d’un
indicateur trimestriel salué par les professionnels. Le « Guide pour une Électronique Verte
» évalue les performances de 15 grandes entreprises de l’IT qui
fabriquent des produits grand public, selon des critères classés en
trois thèmes : économies d’énergie, absence de matériaux toxiques, et
gestion des produits en fin de vie.
Dans la dixième édition sortie fin novembre 2008, Nokia, Toshiba ou
Sony Ericsson tirent leur épingle du jeu avec des notes allant de 5,9 à
6,9 sur 10 tandis que Microsoft (2,8) et Nintendo (0,8 !) figurent en
bas de classement. 50 % des entreprises obtient ainsi une note
inférieure à la moyenne. Martin Bésieux, chargé de campagne chez
Greenpeace, explique que « les
entreprises de l’électronique n’ont pas le choix : elles doivent passer
au Green marketing. C’est un secteur qui bouge considérablement que ce
soit sur l’aspect énergie ou sur l’aspect toxicité des produits, on le
voit au cours de nos éditions successives. Notre classement impacte
l’attitude des professionnels : lors d’une conférence à Shanghai, les
fabricants ont déclaré être prêts à aller au-delà des normes
européennes. Autre exemple, une société comme Asus, qui ne figure pas
encore dans nos 18 « leaders du marché », a annoncé qu’elle aurait
totalement éliminé le PVC et le brome de ses produits à fin 2009 ».
Pour Greenpeace, le Green IT est donc un levier qui va provoquer une
prise de conscience dans les autres industries. Et cela, c’est tout au
bénéfice des sociétés : « La
responsabilité sociale de l’entreprise ouvre des profits potentiels. Le
consommateur sera de plus en plus exigeant, et fera des choix en faveur
des entreprises responsables. Ce qui aura nécessairement des
répercussions sur le marché. »
Certaines ont déjà compris la leçon, comme l’éditeur SAP de logiciels
qui vient de publier les chiffres de son empreinte écologique : 400 000
tonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère, dont 70 % pour les
déplacements – et qui s’engage à les réduire avec des objectifs
chiffrés. Un exemple à suivre.
L'article complet sur Newzy.fr
Auteur : Gilles Lancrey
Source : NEWZY
Publié par : Nicolas Marronnier
Publié sur : le vide poches / expression

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