Nicolas Bordas, patron de TBWA France, vient d'être réélu à la
présidence de l'AACC, syndicat professionnel des agences. Il détaille
ses engagements dans une interview donnée au Figaro.
LE FIGARO. – Dans cette période de crise, quelle doit être la posture du métier que vous représentez désormais ?
Nicolas
BORDAS. – Il y a urgence à imaginer le monde d'après. Or,
l'imagination caractérise le savoir-faire et la valeur ajoutée des
agences conseils en communication, ce qu'elles peuvent mettre au
service des entreprises qui se redéfinissent dans la crise. À la fin
des années 1990, on a connu la mondialisation du marché de la
communication. En 2000, sa numérisation. On entre dans une troisième
phase, la «corporatisation». On ne peut plus dissocier la dimension
commerciale de l'ancrage sociétal d'une entreprise, de ses engagements
et de sa responsabilité. Les entreprises américaines ont un train
d'avance dans ce domaine. Elles font preuve d'une innovation permanente
pour lier les deux sphères au sein de leurs prises de parole. Sur ce
créneau, nos métiers sont plus utiles et plus incontournables que
jamais. C'est dans la crise que l'on redécouvre le pouvoir de la
communication.
Comment revaloriser les métiers de la communication ?
J'ai
proposé aux administrateurs de l'AACC (Association des agences conseils
en communication) de réorganiser nos commissions, afin de marquer trois
enjeux cruciaux pour la profession. J'ai intitulé la première
commission « valeur ». Elle regroupera tous les projets qui
contribueront à faire comprendre que le marché de la communication est
un moteur de l'économie française et un créateur d'emplois, ainsi que
les projets qui participeront à l'amélioration de la mesure de cette
création de valeur et à l'évolution de sa rémunération. De ce dernier
point, je fais d'ailleurs un dossier prioritaire. Une seconde
commission, « société », traitera des questions citoyennes, de santé et
de développement durable. Enfin, une commission « talents » sera
chargée des programmes de recrutement, de formation et de la Semaine de
la communication et des médias. Il nous faut profiter de la mutation
numérique pour transmettre la passion de ce métier aux générations à
venir. Ces trois grands axes de travail ont pour vocation de réduire
l'écart entre les données réelles de notre profession et leur
perception à l'extérieur.
Quelle est votre cible prioritaire : les annonceurs, les élus ou l'opinion publique ?
Nous
sommes dans la même situation que nos clients : plus question de
fragmenter nos prises de parole si nous voulons réenclencher un cycle
vertueux ! Nous sommes plus que jamais solidaires de nos clients. Nous
n'existons que par eux et pour eux. Dans cette perspective, tout doit
être, d'abord, mis en œuvre pour garantir l'éthique de nos professions.
C'est pour cette raison, notamment, qu'il faut ouvrir l'AACC à un
maximum d'agences et de métiers de la communication. L'affiliation à
notre syndicat est une reconnaissance de facto de nos codes de
déontologie. Les polémiques provoquées par des campagnes qui y
contreviennent sont souvent le fait d'agences isolées. Le résultat
s'avère désastreux pour l'ensemble du marché.
Justement, comment comptez-vous renforcer le rôle des agences dans le débat public ?
En
créant, au sein de l'AACC, un comité restreint, capable d'adopter en un
temps record une position officielle pour notre syndicat. Nous devons
déployer un discours public plus offensif et plus incisif, en étant
plus réactifs ou en saisissant toutes les opportunités pour faire
valoir notre expertise et notre point de vue. N'est-il pas temps, par
exemple, d'ouvrir largement le débat de la communication politique en
affichage, dans la presse et en télévision pour mobiliser les citoyens
et lutter contre l'abstention.
Propos recueillis par Sonia Devillers pour Le Figaro
Source : lefigaro.fr
Publié par : Nicolas Marronnier
Publié sur : le vide poches / echange

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