Hier voué aux gémonies, le système socio-économique français se voit,
crise aidant, encouragé par la presse anglo-saxonne et même l’OCDE.
Comme les choses changent… Il y a peu, quand on parlait de la France
on se plaisait à parler de son arrogance, son conservatisme, son
patriotisme économique, sa rigidité, ses contrôles fiscaux, ses charges
sociales, ses trente-cinq heures, ses grèves à répétition… Pays
archaïque, incapable de s’adapter au nouvel ordre économique. Seulement
voilà, douchés par la crise, les mêmes, qui hier encensaient le modèle
anglo-saxon nourri à l’ultralibéralisme, opèrent aujourd’hui un virage
à 360°.
L’hebdomadaire américain Newsweek tout comme son compatriote et très libéral Wall Street Journal se mettent à saluer à longueur de colonnes le modèle français. Le très britannique et très respecté The Economist
reconnaît que lesAméricains et les Anglais semblent prêts à suivre un «
dirigisme » à laColbert et que la France fait un peu mieux que les
autres pays riches.Même que son service public lui a permis d’avoir des
trains à grandevitesse, de bonnes routes et de restaurer ces anciennes
cathédrales… L’OCDE sort pour la première fois de son existence en
mars dernier un rapport favorable à la France, vantant les réformes
entamées et un système qui, ma foi, tient la route et résiste à la
crise mieux que d’autres, autrefois encensés. Enfin, quand même, en
bonne libérale, elle nous rappelle que nous avons encore beaucoup de
progrès à faire pour devenir un élève vraiment sage.
D'ailleurs, les milieux d’affaires se montrent beaucoup moins
enthousiastes que les hommes politiques et la presse. En témoignent les
résultats du dernier baromètre AmCham-Bain, qui chaque année mesure le moral des investisseurs américains en France. « Après
le pic d’optimisme qui a suivi l’élection de Nicolas Sarkozy, jugé plus
libéral et moins nationaliste que ses prédécesseurs, la crise a plombé
le moral des investisseurs américains en France. Ils estiment que le
rythme des réformes, économiques et sociales, engagées par le
gouvernement est trop lent et la crise risque de le ralentir encore »,
commente Oliver Griffith, francophile convaincu et directeur de la
Chambre américaine du commerce en France. Les déclarations d’intérêt de
Barack Obama envers le modèle français ont d’ailleurs provoqué la
consternation des conservateurs américains.
Paris n’est pas New York ni même Londres et les États-Unis ne se
transformeront pas en France bis. Mais alors que l’opinion publique
étrangère dominante nous regardait soit avec une certaine
condescendance affectueuse, soit nous condamnait, de voir à quel point
elle a retourné son jugement… On nous pardonnera de nous en amuser.
Les occasions sont rares en ce moment.
Une enquête sur ce sujet est publiée dans Newzy n°46, en vente actuellement dans les kiosques. 3 €.
Auteur : Rita Mazzoli
Source : Newzy.fr
Publié par : Nicolas Marronnier
Publié sur : le vide poches
|
Laisser un commentaire