
L’Internet
accueille aujourd’hui des milliards de connexions et d’échanges qui en
font l’outil le plus puissant jamais inventé pour le partage de
l’information. En quelques décennies, il est devenu le moteur de
profondes transformations dans la vie des entreprises, des individus et
des institutions.
Cet élan
n’est pas près de cesser et dans tous les pays ingénieurs et
techniciens, industriels et sociétés de services, chercheurs de toutes
disciplines et responsables politiques sont déjà en train de dessiner
l’Internet du Futuri.
La
perspective est celle d’un monde de connexion encore plus dense, entre
les hommes mais aussi avec les objets – une connexion permanente et de
plus en plus invisible, qui engendre autant de craintes qu’elle est
porteuse de promesses. Elle pose sous de nouvelles formes la question
des relations entre innovation et marché, entre ressources techniques
et applications de services, mais aussi entre sécurité et liberté. Elle
perpétue et renforce le besoin d’une gouvernance « transparente,
multilatérale et démocratique » qui a irrigué les débats du Sommet
mondial sur la société de l’informationii. L’enjeu est de répondre aux
incertitudes tant industrielles que réglementaires et aux
préoccupations éthiques d’accessibilité, de diversité culturelle et de
protection des libertés.
Entre
avancées technologiques et méconnaissance des usages, entre
harmonisation des standards et aléas de la compétition économique,
l’Union européenne est confrontée à trois défis majeurs : Comment
articuler de manière partagée, durable et à moindre coût, des réseaux
et des applications diversifiés ? Comment guider l’innovation et
favoriser la croissance économique ? Comment faire en sorte qu’un
réseau de réseaux conçu comme « ubiquitaire » ne soit pas excessivement
intrusif ? Le 7ème programme-cadre européen de recherche sur les
technologies de l’information et de la communication marque une étape
importante. Il est largement consacré aux réseaux et services du
futuriii. Quatre aspects essentiels y sont abordés : les nouvelles
infrastructures de réseaux (très haut débit, sans fil, mobile), le
développement des logiciels et des plateformes de services,
l’exploration des technologies 3D Media, l’intégration des puces RFID
(Radio Frequency Identification systems) et des adresses IP conduisant
à ce qu’on appelle « l’Internet des Objet ».
En
fonction des acteurs, et de leurs intérêts parfois divergents, il est
difficile de trancher entre « révolution » ou « évolution » technique.
Le web sémantique, les nanotechnologies, les Next Generation Networks
vont renouveler dans un proche avenir la physionomie de l’Internet.
Mais cette réflexion a choisi de partir des usages, avérés ou
émergents, pour questionner ces mutations. C’est pourquoi elle est
consacrée à l’Internet des Objets qui a largement entamé son
déploiement, qui focalise un très grand nombre de recherches en cours,
aussi bien en sciences et techniques qu’en sciences sociales et,
surtout, qui suscite les interrogations les plus pressantes dans le
débat public.
Nous définissons l’Internet des
Objets comme un réseau de réseaux qui permet, via des systèmes
d’identification électronique normalisés et unifiés, et des dispositifs
mobiles sans fil, d’identifier directement et sans ambiguïté des
entités numériques et des objets physiques et ainsi de pouvoir
récupérer, stocker, transférer et traiter, sans discontinuité entre les
mondes physiques et virtuels, les données s’y rattachant. La manière
dont l’IdO est appréhendé aujourd’hui est très largement structurée par
les infrastructures disponibles (réseaux et protocoles Internet), les
processus de suivi déjà existants (en particulier les codes-barres)
ainsi que les acteurs en place (développeurs, tiers de confiance). Mais
son développement ne saurait se limiter aux seules questions techniques
de la RFID. Il soulève des enjeux économiques et sociaux, mais aussi
politiques, philosophiques, cognitifs, juridiques et éthiques dont la
perception, par le grand public comme par les autorités, n’est pas
exempte d’ignorance et d’amalgames.
Quelle est l’importance de l’Internet des Objets ?
La
montée en puissance des applications de l’IdO peut s’observer dans
plusieurs secteurs ou registres des activités sociales : des plus
personnelles (animaux familiers, santé) aux plus industrielles (gestion
logistique). Le large spectre des applications d’ores et déjà
observables indique que nous sommes aujourd’hui face à une tendance
bien ancrée. Le poids et l’intérêt économiques de certaines
applications contribuent à stimuler les investissements de recherche et
développement et à installer durablement les utilisations de l’IdO.
Ensuite, par son caractère très global, l’IdO est porté par des
mouvements profonds de la société : la convergence grandissante, la
communication en réseau et les systèmes d’information, le développement
de la mobilité et la constitution d’environnements socio-techniques
autonomes et centrés sur l’individu, le renforcement de la traçabilité
et des processus de contrôle des activités et des personnes. Ainsi,
l’IdO sous-tend à la fois un renforcement des outils de simulation et
de modélisation et l’amélioration des performances dans la réalité
physique, grâce aux possibilités offertes dans la manipulation, le
traitement et l’enrichissement des objets physiqsues identifiés. Dans
un cas, il construit des passerelles entre le monde de l’Internet et le
monde réel, en connectant les objets et les informations qui les
concernent (identification, localisation, état). Dans le second cas, il
prolonge les promesses de l’Internet et des systèmes d’information
existants en remplaçant l’observation et la saisie d’informations par
l’intégration même des objets dans le réseau. Cette convergence
s’exprime aujourd’hui sous des noms différents (réalité augmentée,
machines communicantes ou réseaux ubiquitaires notamment) qui expriment
la variété des registres dans lesquels se déploie l’Internet du Futur.
Nous
estimons nécessaires d’aller vers la structuration d’un pôle de
recherche européen. La construction de la confiance passe par de
multiples chemins. La gouvernance de l’Internet du Futur devra être
multipolaire et multi-acteurs. La gouvernance actuelle de l’Internet
vise un outil. Dans le cadre de l’IdO, elle devra évoluer pour
s’appliquer à un environnement.
Les repères de
la vie privée, de la souveraineté territoriale ou du temps et de la
mémoire, sont eux-mêmes en phase de transformation. Il conviendra de
bâtir des régulations susceptibles de favoriser et de garantir un
réordonnancement partagé des valeurs. Pour « penser » la gouvernance
Internet en termes politiques l’idéal-type de la neutralité de la
technique est nécessaire, mais non suffisant. L’économie et la
politique numériques diffusent de manière insidieuse des contraintes
puissantes et, dans le même temps, la mobilité et la connexion
généralisées ouvrent des possibilités inédites pour le fonctionnement
démocratique des sociétés et pour un accès mieux partagé à la
connaissance. Bien averties de ces paradoxes, les institutions
publiques, au niveau national comme aux niveaux européen et
international, ont avantage à soutenir les recherches en sciences
humaines et sociales tout comme elles accompagnent les efforts de
recherche-développement. Dans ces conditions, il convient sans doute de
rassembler un effort de recherche au niveau européen pour aborder
simultanément les questions techniques, économiques, sociales et
juridiques. C’est une condition indispensable à une meilleure
compréhension de l’Internet des Objets, ainsi qu’à la capacité de
l’Europe à défendre les valeurs de ses citoyens dans le nouvel
environnement numérique.
Pierre-Jean Benghozi, Sylvain Bureau et Françoise Massit-Folléa*
SOURCE : news ropeans mag
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