Elsa Fayner livre une profonde réflexion sur le Pôle Emploi : il n’est plus seul à accompagner les demandeurs d’emplois. D’ici 2011, 320 000 chômeurs vont être confiés au privé.

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Pôle Emploi n’est plus seul à accompagner les demandeurs d’emplois. D’ici 2011, 320 000 chômeurs vont être confiés au privé.
Fin septembre 2009, une trentaine de prestataires privés étaient
validés : cabinets de reclassement, filiales d’agences d’intérim,
organisme de formation, etc. Des cahiers des charges ont été définis
par Pôle Emploi. Mais l’accompagnement sera-t-il vraiment comparable?
Le Crest a comparé
l’accompagnement renforcé assuré par des opérateurs privés de
placement, et par la prestation Cap vers l’entreprise, de l’ANPE (à
l’époque de l’étude), deux prestations destinées aux demandeurs
d’emploi présentant des risques de chômage de longue durée. Extraits de
la conclusion de l’étude:

“Les résultats sont là. On est en mesure de définir avec certitude
et précision, sur des indicateurs simples et lisibles, l’impact causal
des deux dispositifs d’accompagnement, celui délégué aux opérateurs
privés de placement (OPP) et le dispositif Cap vers l’entreprise mis en
oeuvre par l’ANPE.”

Un accompagnement public et privé jugé efficace dans l’ensemble

“On ne saurait douter que l’un et l’autre ont eu pour effet
d’augmenter les taux d’entrée en emploi au cours des 12 premiers mois
suivant le début de la prise en charge, pour tous les publics, et dans
des proportions importantes, surtout dans le flux indemnisable. Il est
également établi que les accompagnements augmentent les entrées en
emploi qui ne donnent pas lieu à des réinscriptions rapides au chômage,
donc probablement vers des emplois durables. Tels qu’ils ont été mis en
oeuvre dans cette période expérimentale, les dispositifs ont donc
réalisés les ob jectifs qui leur étaient fixés”.

Avantage ANPE: plus rapide…

“L’analyse fait également apparaître des différences entre les
résultats des OPP et de Cap vers l’entreprise. Ainsi, les effets de Cap
vers l’entreprise sont globalement plus forts et obtenus plus
rapidement : l’effet des OPP est surtout sensible après au moins 3 mois
de chômage, tandis qu’il se fait sentir dès le début de la prise en
charge pour Cap vers l’entreprise.

Les OPP augmentent les sorties vers l’emploi de plus de 6
mois, mais ne modifient pas la proportion de sorties plus courtes ; au
contraire, Cap vers l’entreprise augmente tous les types de sortie.

L’intervention des OPP n’a, au total, pas d’effet sur le nombre de
jours d’inscription au chômage, tandis que Cap vers l’entreprise les
fait décroître.”

… et pour tous

“Enfin, l’impact des OPP est fort sur certaines populations,
femmes, jeunes, qualifiés, et inexistant sur les autres ; l’effet de
CVE est distribué de façon beaucoup plus homogène à travers ces
catégories
“.

Pourtant, prestations et publics sont les mêmes

“L’enquête statistique auprès des demandeurs d’emploi menée par la
Dares, ainsi que l’observation du terrain réalisée par des cabinets
d’étude, décrivent des modes de prise en charge des bénéficiaires
extrêmement semblables, avec des tailles de “portefeuilles” des agents
comparables. Aussi, les différences de performances semblent mal
s’expliquer par le contenu des prestations”. La différence des publics
traités est également écartée par les auteurs de l’étude: “lorsqu’ils
opèrent sur les mêmes territoires, les deux programmes ne touchent pas
des publics radicalement différents”.

Mais l’ANPE propose plus d’offres

“L’enquête de la Dares fait apparaître que les bénéficiaires pris en
charge par Cap vers l’entreprise reçoivent en moyenne plus d’offres
d’emploi que ceux pris en charge par les OPP, et il s’agit d’une des
rares différences de contenu entre les deux dispositifs. Il serait
utile de s’interroger sur l’avantage dont dispose le réseau ANPE pour
mobiliser des offres sur le segment du marché du travail correspondant
à la population ciblée par Cap vers l’entreprise et les OPP, en raison
de son ancienneté et de son positionnement”.

Tandis que les prestataires privés connaissent mieux le tertiaire,…

Les OPP étant, d’après les analyses des cabinets d’étude,
globalement plus familiers des grandes entreprises et du secteur
tertiaire sont peut-être pour cette raison en mesure de placer plus
facilement les jeunes, les plus qualifiés et les femmes.

… sont incités à trouver des emplois de longue durée…

“Enfin, un aspect central, et largement négligé, tient à la nature
des contrats passés entre l’Unédic et les OPP. Ce sujet est d’autant
plus important que ces contrats sont appelés à se renouveler tout en
évoluant. Dans l’expérimentation, les OPP étaient rémunérés, en
proportions semblables, à la prise en charge, à la mise en emploi et au
maintien de l’emploi pendant 6 mois [les prestataires privés sont payés
en trois fois, une partie de la rémunération à chacune de ces étapes,
ndlr]. En outre, la mission de mise en emploi était de 6 mois. Il n’est
pas douteux que les prestataires, entreprises à but lucratif, ont ajusté leurs efforts en fonction des incitations produites par ces contrats, et on peut en voir certains signes.
D’abord, les mises en emploi ne sont pas plus fréquentes lorsqu’elles
donnent lieu à un retour au chômage rapide, et seules les mises en
emploi de plus de 6 mois sont véritablement influencées par
l’intervention des OPP. Ce fait est cohérent avec le système de
rémunération, les
prestataires privés n’ayant pas intérêt à encourager les demandeurs à
occuper des emplois courts, ce qui ne déclencherait pas le paiement de
la troisième tranche
. Par contraste, Cap vers l’entreprise,
qui n’est pas soumis à cette incitation, réalise des mises en emplois
supplémentaires sur tout le spectre”.

… et après 6 mois de recherche

Ensuite, alors que l’impact de Cap vers l’entreprise se fait sentir
dès le début de la prise en charge, il est sensiblement plus tardif
pour les OPP, et apparaît surtout à l’approche des 6 mois de prise en charge. C’est précisément le moment où il devient indispensable pour l’opérateur de réaliser la mise en emploi. ”

Et les auteurs du rapport de conclure:”Dans cette perspective,
comprendre l’impact des conditions des marchés passés avec les OPP sur
les résultats obtenus, et le profil des contrats les plus efficaces,
nous semble un
enjeu particulièrement important dans une architecture du service
public de l’emploi qui laisserait une place croissante aux opérateurs
privés”.

Elsa Fayner

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Source : voila le travail

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