Il y a un an, on faisait sensation en présentant un rapport sur l’utilisation d’Internet en général, et des réseaux sociaux en particulier par Barack Obama. Aujourd’hui, on en vient à se demander si un parti politique peut encore être un « key player » s’il ne dispose pas de sonpropre réseau social. Cette mode, née sous l’effet conjoint de l’obamania française et de l’immersion croissante de la population (et du personnel politique) dans le le web 2.0 (blogs, Facebook et autres Twitter), a d’abord touché des courants du PS (Espoir A Gauche etBesoin de Gauche), avant de triompher, en ce début 2010, au niveau des partis – Coopol pour le PS, Créateurs de possible pour l’UMP, et bientôt un réseau pour le Nouveau Centre aussi.

Même si ces systèmes ne révolutionnent pas à proprement parler le militantisme, ou pas autant que leurs promoteurs le prétendent – en vérité, une grande part de leurs fonctions pouvaient déjà être assurées auparavant, mais de façon éclatée, par les e-mails, les outils en ligne collaboratifs type wiki ou agenda partagé et les sites Internet classiques – il est incontestable qu’ils mettent à la portée de tout un chacun des fonctionnalités simples et intuitives, clés en mains, permettant de faire de n’importe quel militant connecté à Internet un redoutable agent d’influence. Cela étant, la vraie révolution n’est pas l’apparition de réseaux sociaux officiels de parti, mais la naissance des réseaux sociaux eux-mêmes, et leur appropriation massive par la population (militante ou non). Au commencement était Facebook. Les réseaux de parti, et notamment celui que j’ai pu tester de manière approfondie depuis quelques semaines, la CooPol du PS, se contentent assez clairement de décalquer l’architecture de Facebook, en faisant quelques ajustements lexicaux ou techniques au passage. Je n’ai pas encore vu de fonctionnalité de la CooPol qui ne puisse être réalisée via Facebook. Et d’ailleurs, les militants et cadres PS utilisaient déjà fréquemment Facebook pour organiser campagnes et vie interne de parti. Alors la question se pose : quand on connaît le coût financier élevé de ces systèmes pour les partis, et si on émet l’hypothèse – probable – que les militants qui s’en saisiront le plus seront ceux qui sont déjà lourdement investis sur les réseaux sociaux généralistes, les réseaux sociaux de parti ne seraient-ils pas un effet de mode, un jouet dans l’air du temps, sans efficacité particulière ?
Précisons. Un réseau social a deux utilités principales en politique : premièrement diffuser de l’information, et deuxièmement organiser des groupes. La première fonction est d’autant plus utile que l’on touche un public large, et surtout un public à convaincre. Arroser d’informations ou d’argumentaires des personnes déjà acquises ou suffisamment informées ne sert à rien. La deuxième fonction peut déjà plus se satisfaire d’un public restreint et connu – par exemple, si on organise un rassemblement de militants déjà acquis – mais nécessite aussi parfois de brasser large – notamment si on veut inviter des personnes à un meeting de présentation d’un candidat ou d’un programme. Pour la première fonction surtout, mais pour la deuxième ensuite, il est à tous points de vue plus efficace d’être immergé dans un réseau social généraliste, où se croisent des populations très variées, que de se confiner au réseau d’un seul parti. Il est vrai que n’importe qui peut s’inscrire sur la CooPol, dans le cas du PS (militant, sympathisant, simple curieux). Mais qui fera la démarche de s’inscrire sur un réseau social propre au parti socialiste, à part des gens déjà très convaincus et/ou impliqués ? En communiquant sur la CooPol, on communique à la nébuleuse socialiste ; en diffusant la même information sur Facebook ou Twitter, on communique à toutes ses sphères d’amis et de relations, qui peuvent être très diverses, et qui ressemblent donc bien plus à la population réelle de notre pays.
Pourquoi, dès lors, les partis n’optent-ils pas plutôt pour une stratégie d’investissement massif des réseaux généralistes existants, en développant, comme le permet Facebook, des applications permettant de « greffer » des fonctions proprement politiques sur le réseau ? C’est d’ailleurs le choix qu’a fait Jean-Paul Huchon pour sa campagne en Ile de France, lançant cette semaine une application dédiée sur le réseau social n°1. Stratégie habile, sans doute beaucoup moins chère, et reportant sur Facebook toute
une partie des frais de développement (un réseau aussi ambitieux que la CooPol, a contrario, aura probablement des coûts d’entretien et de mise à niveau lourds et réguliers pour le PS). Pourquoi ne pas avoir fait ce choix au niveau des partis ? Péché d’orgueil, course à l’armement entre droite et gauche, ou influence excessive sur les directions politiques – peu au fait de ces problématiques – de milieux geek et technophiles prêchant pour leur paroisse, voire pour leur propre business ?
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SOURCE : variae.com
PAR: alexis mouthon
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