
Je viens de découvrir la génération Y. Un forum à Rennes, des articles dans « Stratégies »… J’aime le Y, la plus étrange de nos voyelles, la plus méconnue aussi, jusqu’à être oubliée par Rimbaud malgré ses bras en l’air. Qui sont les Y ? Pourquoi le phénomène m’a-t-il échappé ? Suis-je à l’écart du mainstream ? Tiens, voilà un mot très mode chez les tendanceurs. Le Mainstream est mieux qu’une tendance, c’est le courant principal, le train d’avance à ne pas rater. Aux ploucs, les voies secondaires, les courants mineurs.
Je suis un plouc. Au secours Google. Clic sur Wikipedia. Je comprends mon illettrisme. Génération Y, c’est au départ un jargon d’entreprise, de RH, pour désigner les classes de salariés nées entre la fin années 70 et le milieu des années. Les RH ? Les Ressources Humaines. Faites précéder par D, et cela donne le tout puissant directeur/trice de ce qu’on appelait auparavant le personnel, dont il était le chef.
Pourquoi Y : parce que Y suit à la lettre X, et la génération Y suit donc la génération X. C’est aussi bête que ça. Le X avait un sens. Il qualifiait, lis-je, une génération non identifiée, mollassonne, anonyme, vivant à l’ombre des baby boomers. Alors que leurs enfants sont partis dans tous les sens, d’où la difficulté de les nommer
Des propositions ne manquent pourtant pas. On a génération « millénaires », « echo boomers », « e-generation » (le e se prononçant i), « Net Generation », « digital natives », « boomerang » (elle en prend plein la gueule ?) et, pour les impavides baba cools, « génération We » Les publicitaires américains tiendraient pour « generation Why ». Est-ce parce que les Y, nés sous X, ne cessent de demander des explications, pourquoi ceci, cela, ou parce qu’on se demande à quoi ils servent
Les RH ont préféré s’en tenir à l’ordre alphabétique, neutre. Avec une touche de modernité : Y se prononce à l’anglo-saxonne, un « aie » sans douleur, le i du i Pad, proche du « why ».
Attention la génération Y est occidentale. Le reste du monde n’a pas connu les affres apocalyptiques de la guerre froide, ni vécu les transformations morales des années 60 et 70, considérées par les Y comme acquises. Troisième caractéristique, alors que leurs ascendants ont pu s’envoyer en l’air joyeusement, les Y n’ont pas connu un monde sans SIDA, et donc gouté au plaisir non protégé.
Remarquez, les Y ne semblent pas plus flamboyants que les X. Leur image est brouillée, spectrale, du moins sur la scène de l’entreprise. Ils seraient peu respectueux de la hiérarchie et peu motivés. Mais ils ne font pas leur fier : quand on cherche désespéramment un job, on ne la ramène pas.
Quoique. Je clique le blog generationY 2-0. Sous les photos des auteurs (jeunes souriants), le blog se présente ainsi : « changements de comportements et mutations technologiques dans l’entreprise ». Ici, les Y se rebiffent, et plaident leur cause. Benjamin (Chaminade) fait voler en éclats 12 mythes Qu’ils seraient des maniaques du zapping, plus matures que leurs ainés, des planqués, qu’ils ne regarderaient plus la télé, qu’ils voudraient tout gratuit, qu’ils seraient toujours connectés…
Sachez, chers employeurs, que les 45/55 ans sont en train d’adopter les usages (blog, s’inscrire à un réseau social, utiliser Twitter) à un taux vingt fois supérieur que celui des 18-24 ans.
Les Y seraient des abrutis du « multitasking » (faire tout en même temps), incapables de se concentrer? Faux : ils se dispersent, mais à l’affilée, se concentrant sur une tâche à la fois.
Intrigué, je clique « comprendre la Génération Y » de Julien Pouget. « La citation du jour » est extraite d’un discours du père de l’Europe, décédé en 1963, Robert Schuman : « L’Europe un problème de génération. Il nous faudra du temps. Mais ce qui est préparé par les ainés n’est valable que si les générations nouvelles y apportent leur enthousiasme ». Est-ce à dire que les Y manquent d’enthousiasme ? Tels ne sont pas les points de vue d’une DRH du groupe Accor, et d’une prof de lettres-histoire-géo en lycée professionnel connue sur Twitter sous le nom de @frompennylane.
Me voilà pleinement renseigné. Et je me demande comment on va appeler les ressources humaines suivantes, arrière petits enfants des baby boomers. X+Y = Z ? La prochaine livraison sera-t-elle la génération Z ? Z comme zozo, zig, Zorro, zéro.
Après, on recommencera, A, B, C, D…. ? PG
source = http://blogs.lexpress.fr/media/2010/06/generation-de-x-a-yla-chroniqu.php

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