« Oui, on veut grandir …. mais en enfance » Flora, 8 ans.
La question n’avait rien à voir avec le sujet de l’étude quali,
n’avait aucune place dans le guide d’animation ! Cependant au fil des
jours, au cours de la préparation de l’étude, elle est devenue une
interrogation récurrente chez mes jeunes interlocutrices, chefs de
produit récemment confrontées à cette cible attirante autant que
déroutante : les enfants de 8 à 10 ans. Sentant que la question
devenait petit à petit une affirmation, le postulat rendant finalement
le travail de positionnement beaucoup plus aisé, je proposais de la
soumettre aux enfants au cours des réunions de groupe. Ils ont répondu
bien entendu, avec leurs regards clairs, leurs mots ne laissant aucune
place à l’interprétation : oui, ils aimeraient bien être plus grands,
tout de suite …. D’un an, voire deux. Être adultes ? Certainement pas !
Ils ont des choses à faire avant ! Et puis, être adulte, ce n’est pas
vraiment le rêve. Etc. ! Cette anecdote
m’est revenue à l’esprit en lisant l’excellent dossier paru dans le
dernier n° de Marketing Magazine, dont le titre dit le propos : « Les
enfants propulsés dans la cour des grands ».
Le constat, en deux mots, est le suivant :
- Les enfants sont « propulsés en dehors de l’enfance » très
précocement et privés ainsi du socle d’expériences qui favorise un
développement harmonieux.
- Ceci répond à l’angoisse des parents, soucieux de les armer le mieux possible et le plus tôt possible.
- En conséquence de quoi, les enfants, dés 8 ans, délaissent jeux et
jouets pour « s’enfermer dans une tour d’écrans » pour reprendre la
belle expression d’Armelle Le Bigot.
La situation décrite existe. Certes. Les raisons invoquées sont tout
à fait plausibles. Les conséquences probables parfaitement audibles.
Mais je ne reconnais pas les enfants que je rencontre, que j’écoute,
que j’interroge … ou seulement une petite minorité, d’enfants
clairement en difficulté. Je reconnais par contre parfaitement les
discours des adultes. Mais pas de tous non plus ! Je reviendrai sur ce
point dans un prochain billet.
Je ne crois pas que la majorité des enfants grandissent trop vite,
passent à côté de leur enfance. Mais ils grandissent dans le monde dans
lequel ils sont nés ! Ils en utilisent les outils, les moyens, à des
fins qui leur sont propres : jouer, rêver, être avec les copains,
grandir …. Ils sont totalement adaptés à leur époque et à leur
environnement. Ils sont magnifiquement sains !
Sans doute ne répondent-ils pas à la nostalgie de nombre d’adultes qui aimeraient les voir reproduire leur propre enfance ….
Sans doute restent-ils pour d’autres adultes des individus étranges évoluant selon des règles difficiles à cerner.
D’où nombres d’interprétations erronées, de segmentations
extravagantes. Laissez moi juste rappeler ce que sont à la fois, les
étapes du développement de l’enfant et, pour chacune d’entre elles, ce
qu’est la modalité principale de son rapport au monde, la clé d’entrée
principale de son univers.
NOUS SOMMES VIVANTS, LE COLLECTIF DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE 
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