Chris Anderson et l’économie de l’attention. Nous sommes en réseau, connectés et partageurs d’expériences vécues et de projet d’expériences à venir.

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En plein dans les débats sur l’avenir des médias à l’ère digitale, dans le bourbier Hadopi, Google et la BNF, et les chimères que certains nous dressent face à l’illusion du gratuit, j’ai été assez surpris de lire si peu de choses que ça par rapport à la parution en français de « Free » de Chris Anderson. Il y a bientôt un an, sa présence était une des raisons pour laquelle j’ai fait le déplacement à Le Web 3.

Chris Anderson a l’art de poser de bonnes questions. Celle sur la Longue Traîne agite encore. Avec « Free », beaucoup se trompent à y voir des théories fumeuses, là où il s’agit simplement d’être lucide et d’accepter de changer de lunettes pour regarder le monde qui a changé. Un coup d’oeil à cette interview de Der Spiegel suffira à montrer qu’en cessant d’utiliser des mots attachés à une grille de lecture dépassée, on en vient à accepter de regarder que le terrain de jeu n’est plus le même. Accepter de regarder les choses autrement, simplement raisonner et faire preuve de pragmatisme, sans parti pris. Accepter l’idée que les choses puissent être différentes. Chris Anderson ne fait que mettre le doigt sur des expériences qui se passent et qui dérangent. Il ne faut pas chercher des solutions dans Free, il faut y retrouver un esprit de naturaliste acceptant l’idée du doute et de la remise en question sur le fonds.

Contrairement à son sous-titre, Free n’est pas un livre sur le gratuit. Free est un livre sur l’adaptation nécessaire des modèles économiques face à la bascule fondamentale que représente la société de l’information.

Cette bascule, que nous avons expliqué en première partie de notre livre blanc sur l’attention marketing, c’est celle qui a fait que nous sommes passés de médias de masse à des masses de médias. L’information et les médias sont (sur)abondants, notre attention est rare et précieuse. Nous sommes en réseau, connectés et partageurs d’expériences vécues et de projet d’expériences à venir.

Dans Free, il y a un passage saisissant sur l’industrie de la culture en Chine et au Brésil à l’heure du piratage roi. Où l’on découvre que l’économie de la culture s’y porte très bien, et que la création culturelle y est bien vivante, alors que les oeuvres elles-mêmes sont diffusées gratuitement et en masse. Un vrai cauchemard de pro-hadopi.

Je peux comprendre que c’est dérangeant, parce qu’il est dit que le piratage y a gagné par faiblesse politique, même si l’économie et la créativité culturelle qui en ont résulté sont florissantes. Cela heurte de sentir le goût de la défaite des idéaux et de la politique, mais cela dit aussi que le pire n’est jamais sûr, qu’il n’y a pas de problèmes qu’il n’y a que des solutions et qu’au final, les gens sont toujours prêts à payer, mais pas la même chose.

Sous nos latitudes, le piratage n’a rien à voir dans Hadopi ou dans Google qui numérise des livres plus vite que les éditeurs qui ont les pieds sur le frein. Les gens votent avec leurs pieds. Les artistes eux-mêmes commencent à bien comprendre une chose : la production culturelle est extrêmement riche, nous sommes littéralement noyés dans les contenus. Presque un millier de nouveaux livres de rentrée, des tonnes de titres, d’albums, de films, de programmes sur des centaines de TV et radio sans compter YouTube, mon agrégateur RSS qui déborde, Twitter et le reste. Face à cette masse, il faut susciter de l’attention, se connecter au public. Ce sont les contenus qui sont nombreux et qui se battent pour qu’on s’intéresse à nous, plus le contraire.

 


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http://www.groupereflect.net/blog/archives/2009/09/chris-anderson-et-leconomie-de-lattention.html?parole_d_expert

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