Une nouvelle étude de l’Hadopi démontre que la musique représente 13% des vidéos sur YouTube, mais qu’elle constitue le premier type de contenus consommé. Voila pourquoi la musique est un enjeu majeur pour YouTube.

 Pas étonnant que Google veuille concurrencer Spotify, et que
les ayants droit se battent pour obtenir leur part du gâteau.

 

La musique, premier contenu consommé sur YouTube.

La musique, premier contenu consommé sur YouTube.
REUTERS/Fred Prouser

Qui doutait encore de l'enjeu financier des contenus musicaux pour
Google et YouTube? A l'heure où le moteur prépare, selon la presse
américaine, un service de streaming payant pour compléter son offre, une nouvelle étude de l'Hadopi apporte des arguments pour conforter cette hypothèse.

Les clips musicaux, premier contenu consommé sur YouTube

Cette
étude, basée sur les travaux de thèse de Nan Zhao de Telecom ParisTech,
et sur un échantillon de plus de 3000 vidéos (pas spécialement
françaises ou francophones), estime que les clips musicaux constituent
13% des vidéos mises à disposition sur le site. Les films, proposés en
intégralité d'un seul tenant ou chapitrés, 1,5%. Les séries 6,9%. Le
matériel retiré pour cause de copyright représenterait moins de 0,1% des
contenus. Les vidéos amateurs et les contenus issus de la télévision ou
de la radio constituent chacun 22% des vidéos présentes sur la
plateforme.

Non seulement la musique représente une part non
négligeable de l'offre, mais elle tire surtout la demande. En effet, les
clips musicaux sont les contenus les plus fréquemment regardés par les
internautes (environ 40.000 vues par jour en moyenne), suivis des films,
très loin derrière (10.000 vues par jour pour les films chapitrés).

Il
s'agit d'une opportunité majeure pour les ayants droit, malgré le
piratage. Car si un quart seulement des clips musicaux mis à disposition
sur la plateforme sont issus de comptes officiels, ce sont ceux qui
bénéficient de très très loin de la plus grande popularité (près de
120.000 vues par jour en moyenne).

Le reste de l'offre musicale
repose essentiellement sur des captations amateurs de concerts (21%),
sur les clips originaux mais postés par des internautes lambda (14%), ou
sur des versions modifiées, par exemple pour ajouter le texte des
paroles (28,7%). Mais l'étude de l'Hadopi signale que 36,7% des vidéos
musicales non officielles contiennent un lien vers une plateforme
permettant d'acheter le contenu officiel. Les contenus purement amateurs
(reprises, créations) représentent moins de 5% de l'échantillon.

Une source grandissante de revenus pour les ayants droit

Cette étude, réalisée par le département Recherche, études et veille de la Haute autorité,
vient renforcer d'autres études, américaines, démontrant l'importance
de YouTube dans la musique en ligne. Une étude de Nielsen avait
notamment conclu que YouTube était le site privilégié de consommation
musicale pour 64% des adolescents américains. En France, YouTube a
généré plus de 2 milliards de vidéos vues et 29,5 millions de visiteurs
uniques en janvier selon Médiamétrie.

Si bien que désormais, quand
on pense YouTube, avant de penser piratage on pense gros sous. Le
phénomène coréen PSY, avec son Gangnam Style, a prouvé qu'il était possible de gagner beaucoup d'argent
grâce à la plateforme. Si Google encaisse grâce à YouTube, il reverse
aussi. Plus de 500 millions de dollars dans le monde en 2011 et 2012,
rappelle Ecrans.fr. Et parfois, les accords lui posent quelques problèmes…

Fin 2012, à l'expiration de l'accord de licence qu'il avait signé avec la Sacem et qui fixait les conditions du partage des revenus publicitaires générés par les clips musicaux sur la plateforme, YouTube a "démonétisé" tous les contenus gérés par la Sacem
en supprimant les publicités sur ces pages. Privant du même coup de
rémunération tous les ayants droit relevant des autres sociétés de
gestion collective (interprètes…). La situation est bloquée depuis, en
attendant l'issue des négociations. Selon nos informations, un nouvel
accord est imminent.

Les ayants droit militent aussi pour prélever
une taxe sur les revenus de YouTube, destinée à financer la création,
comme celle à laquelle sont soumis d'autres intermédiaires diffusant des
vidéos, tels que les fournisseurs d'accès internet. Une idée qui serait
soutenue par le gouvernement, selon le contenu d'un rapport dévoilé par
BFMTV. On est bien loin du temps où YouTube était le royaume des vidéos amateurs.

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