En 2011 puis en 2016, l’Insee a réalisé une enquête sur les entreprises et le développement durable (EnDD) afin de « mesurer l’implication des entreprises dans une démarche de développement durable dans ses dimensions environnementale, sociale et économique ». Ces travaux, attendus par les parties prenantes françaises de la RSE, ne relèvent pas des enquêtes menées par l’Insee à la demande d’Eurostat, et ne se prêtent donc pas à des comparaisons européennes.
Selon les résultats de 20165, 59 % des entreprises de 20 salariés ou plus déclarent avoir « déjà entendu parler de la RSE ». Un quart d’entre elles estime néanmoins ne pas avoir « le sentiment de mener des actions dans une perspective de RSE »6. Parmi celles qui disent « ne jamais en avoir entendu parler » (41 %), un quart estime cependant mener des actions relevant de la RSE.
Les entreprises les plus éloignées du concept de RSE, autrement dit celles qui n’en ont jamais entendu parler et qui estiment ne pas mener d’action, représentent 30 % du total des entreprises interrogées dans le cadre de l’enquête.
Ainsi, « la RSE est un concept dont la pratique dépasse la théorie : des entreprises sont impliquées dans des actions relevant de la RSE sans connaître formellement ce concept, d’autres estiment ne pas mener d’action dans le cadre de la RSE et pourtant mettent en œuvre certaines actions qui entrent dans ce champ7 ».
Les facteurs corrélés au degré de connaissance de la RSE et la mise en œuvre concrète d’actions en ce sens sont essentiellement la taille de l’entreprise, son appartenance à un groupe et à certains secteurs d’activité. Le modèle économique, l’étendue géographique du marché ou la dépendance plus ou moins forte à l’égard des principaux clients ou fournisseurs n’apparaissent pas corrélés à la connaissance et/ou la pratique de la RSE.
La taille de l’entreprise
L’enquête « Entreprises et développement durable » révélé que « la notoriété de la notion de RSE augmente avec la taille de l’entreprise8 ». En 2016, 96 % des entreprises de 500 salariés ou plus déclarent avoir entendu parler de la RSE contre seulement 38 % des entreprises de 20 à 49 salariés.
Une étude menée par Bpifrance abonde en ce sens : « La part des entreprises qui font de la RSE croît avec le nombre de salariés : 23 % dans les TPE, jusqu’à 54 % dans les ETI9. »
L’appartenance à un groupe
Les deux tiers des entreprises du champ de l’enquête appartiennent à un groupe. En règle générale, ces entreprises ont « 1,4 fois plus de chances d’avoir déjà entendu parler de la RSE et de mener des actions entrant dans ce cadre » que les entreprises indépendantes, à taille, secteur et zone géographique d’activité égaux.
L’appartenance à certains secteurs d’activité
Les entreprises des secteurs de l’énergie et de l’environnement sont nettement les plus engagées dans des démarches de RSE. Cette distinction peut s’expliquer par le fait qu’elles sont particulièrement concernées, et fortement interpellées, par les pouvoirs publics et la société civile sur le volet environnemental de la RSE. Elles sont également impliquées dans les volets sociaux et sociétaux de par leur structuration en grandes entreprises internationales.
Les autres secteurs se démarquant par leur engagement relèvent des services : le secteur de l’immobilier (y compris les loueurs, les bailleurs sociaux et les organismes d’HLM), les activités de services administratifs et de soutien, les activités spécialisées, scientifiques et techniques et les activités de l’information et de la communication.
À l’inverse, ce sont les entreprises du commerce de détail et des services à la personne qui sont, de façon significative, les moins informées et les moins engagées dans le cadre de leur RSE.
Pour les autres secteurs d’activité, soit la plupart des secteurs de l’industrie, de la construction, des transports et du commerce de gros, l’implication des entreprises dans une démarche de RSE dépend essentiellement de leur taille et de leur appartenance ou non à un groupe.
La vision des entreprises en matière de RSE
L’enquête s’est également penchée sur les principaux résultats espérés par les entreprises engagées dans des actions de RSE. Par secteur, les entreprises étaient invitées à sélectionner au maximum deux items parmi les six proposés par l’enquête :
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– réduction des coûts de production ;
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– développement de nouveaux biens ou services ;
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– gestion des risques ;
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– adhésion, motivation des employés ;
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– amélioration de l’image externe de l’entreprise ;
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– respect de l’homme ou de l’environnement.
Le motif « respect de l’homme ou de l’environnement » est le plus souvent choisi par les entreprises (59%), tous secteurs confondus. Différentes interprétations ont été avancées par les statisticiens10, qui restent sujettes à débat : les entreprises ont effectivement une vision prioritairement humaine et environnementale des démarches de RSE, ou les autres motifs proposés ne leur apparaissent pas comme prioritaires. Selon l’Insee, le « respect de l’homme ou de l’environnement » peut paraître comme le motif affectant le moins directement le fonctionnement de l’entreprise.
Les autres motifs proposés sont directement liés au management de l’entreprise. L’« adhésion et la motivation des employés » arrive en deuxième position des résultats attendus pour la RSE (38 %). Un tiers des entreprises citent la « gestion des risques », un tiers également l’« amélioration de leur image externe ». La « réduction des coûts de production » motive prioritairement un quart des entreprises engagées dans la RSE11. Le « développement de nouveaux biens et services » motive prioritairement seulement une entreprise sur dix.
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Selon les secteurs d’activité, les actions de RSE répondent à des objectifs sensiblement différents :
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– les entreprises de l’énergie et de l'environnement sont particulièrement sensibles au respect de l’homme et de l’environnement (72 % des entreprises citent ce motif) et à la gestion des risques (46 %) ;
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– pour les entreprises de services, « l’adhésion et la motivation des employés » est un objectif prioritaire, notamment dans les secteurs de l’information et de la communication, des activités tertiaires spécialisées, des services administratifs et de soutien ;
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– les entreprises de l’industrie, y compris agroalimentaire, citent, en plus du « respect de l’homme et de l’environnement », la « réduction des coûts de production » comme principaux résultats attendus des actions de RSE ;
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dans les secteurs de la construction, des transports et de l'entreposage, de l’hébergement et de la restauration, les préoccupations des entreprises sont plus orientées vers la « gestion des risques ».
Source fs-2019-11-08-performance-globale-rse.pdf
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