L’ACCOMPLISSEMENT DE SOI : Vivre sa vie vs. Survivre

Le concept du bonheur a donné lieu à de nombreuses citations. Celle de Gandhi interpelle particulièrement : « Le bonheur, c’est lorsque nos pensées, nos paroles et nos actes sont en harmonie. » Elle illustre cet état d’alignement entre ce qu’une personne est (sa personnalité profonde), ce qu’elle pense (ses valeurs), ce qu’elle ressent (son état émotionnel), et ce qu’elle fait (ses actions). Dans cette note nous explorons l’accomplissement de soi en harmonie avec soi, les autres et la nature pour s’approcher de ce bonheur, alors que le développpement personnel permet de s’adapter à un environnement complexe de façon impersonnelle comme le dit si justement Julie Funes dans « Le développement (im)personnel. Le succès d’une imposture ».

En cette rentrée, le travail va occuper à nouveau une place centrale dans nos vies sans être toujours une source d’épanouissement.

Pour certains il peut être une source d’angoisse existentielle. Une angoisse qui se manifeste d’une part par les enjeux sociétaux et environnementaux insuffisamment adressés avec parfois un sentiment d’efficacité personnelle faible et d’autre part par la difficulté à adresser les enjeux économiques plus que jamais prégnants à court terme dans son entreprise ou dans sa vie personnelle et familiale. Une angoisse qui se traduit par une quête de sens dans un environnement de travail de moins en moins prévisible qui génère des difficultés à planifier une trajectoire de vie, une carrière, un projet en accord avec nous même.

L’étude Ipsos Happiness Index 2025, réalisée en partenariat avec CESI, révèle un paradoxe étonnant : 73 % des Français se disent heureux, un chiffre en légère hausse par rapport à l’année précédente (+2 points). Pourtant, seulement 29 % estiment que leur qualité de vie s’améliorera dans les cinq prochaines années, bien en deçà de la moyenne mondiale (53 %). Ainsi près de la moitié (47 %) citent la famille et les enfants comme leur principale source de bonheur, suivis des amitiés (29 %) et du sentiment d’être aimé (27 %). Le foyer, perçu comme un refuge, est également un élément clé de leur bien-être (26 %). Mais, le sentiment de déclassement social s’accentue, notamment chez les classes moyennes et les jeunes générations, qui craignent une détérioration de leurs conditions de vie à l’avenir. Ce contraste entre satisfaction immédiate et incertitude future pourrait expliquer pourquoi les Français se disent heureux aujourd’hui, mais se méfient de demain.

Les travaux d’Abraham Maslow sont plus actuels que jamais : elle parle de santé psychique, de sens, de sentiment spirituel, de valeurs…

Selon Maslow « L’accomplissement de soi est la réalisation complète de son potentiel, le plein développement de ses capacités et de son appréciation de la vie.«  Ce concept se situe au sommet de la hiérarchie des besoins de Maslow, et tous les êtres humains ne l’atteignent donc pas. » Les personnes qui se réalisent acceptent ce qu’elles sont en dépit de leurs défauts et de leurs limites et éprouvent le besoin d’être créatives dans tous les aspects de leur vie. Bien que les personnes qui se réalisent viennent d’horizons divers et exercent des professions variées, elles ont en commun des caractéristiques notables, telles que la capacité à cultiver des relations profondes et aimantes avec les autres. Maslow. De la motivation à la plénitude

En général, l’état d’accomplissement de soi est considéré comme pouvant être obtenu seulement après que les besoins fondamentaux de survie, de sécurité, d’amour et d’estime de soi ont été satisfaits (Maslow, 1943, 1954). Et c’est cette tension qui est à l’oeuvre actuellement entre vivre sa vie et survivre. Une tension qui nous incite à mettre entre parenthèses notre moi profond face aux contraintes pragmatiques de notre environnement. Et plus précisément d’aborder l’EGO non pas comme une énergie vitale d’amour de soi et des autres à libérer mais comme la cause profonde d’un individualisme à encadrer de façon responsable pour atteindre un ECO qui serait un nous collectif.

Daniel Christian Wahl introduit SEVA dans cette transition entre EGO et ECO en réaffirmant l’importance de prendre soin de soi, des autres et de la nature. « Ce n’est qu’en prenant soin de soi que nous pourrons prendre soin efficacement et durablement de notre communauté humaine et de la communauté de vie. La manière saine d’intégrer la polarité dynamique « être pour soi » et « être partie intégrante d’un tout » est de libérer le potentiel créé par cette polarité au service de la vie ». Une approche de reliance au vivant, au grand tout dont nous faisons partie, quasiment religieuse, qui prône l’amour de soi et d’autrui, posée par ce penseur de la culture régénérative Source

Avec son « écosophie », Arn Næss démantèle l’édifice de l’anthropocentrisme et propose une relation harmonieuse a soi, aux autres et à la nature.

L’homme ne doit plus se rendre « comme maître et possesseur de la nature » (Descartes), mais se réformer pour vivre en « association étroite » avec elle. Mais la bacule entre EGO et ECO étant posée, le principe cardinal sera celui de la « réalisation de Soi » dans son environnement (SEVA). Mais gare au contresens : le « Soi », ici, ne désigne pas le moi social, le petit ego ; il renvoie au grand Tout auquel s’identifier (pour se réaliser, donc). Comme en témoigne le recueil « La Réalisation de Soi. Spinoza, le bouddhisme et l’écologie profonde », Næss a fait converger des sources hétérogènes. Se livrant à une lecture audacieuse de Spinoza en « militant vert » précurseur, il retient de l’Éthique l’identification de Dieu et de la Nature, et en tire ce précepte : « Tout être singulier mérite d’être aimé et compris. » Mais il puise aussi du côté des philosophies orientales, notamment du bouddhisme, l’idée d’un « Soi universel » renfermant tous les êtres, à traiter avec une égale sollicitude.

L’œuvre majeure de Spinoza (1632-1677) s’intitule Éthique (cf : éthique environnementale / morale des relations) en résonance avec l’idée d’une « ontologie de la relation » et se présente comme une approche relationnelle vers le bonheur. Il y affirme que l’homme est mû par son conatus, terme latin qui désigne le désir de persévérer dans l’être et de l’accomplir. L’humain n’est pas un sujet unique, normé, et l’humanité se compose d’autant de singularités puissantes, actives, et insérées dans des relations interindividuelles. Selon Spinoza, un homme est doué d’une complexion affective singulière, qu’il appelle ingenium. En tant que peuple, aussi, nous avons une complexion commune. Spinoza montre que l’identité d’un homme ou d’un peuple oscille entre l’imitation d’autrui et l’invention de soi ou d’un « nous ». De même le contemprorain Étienne Balibar ne présuppose pas un individu abstrait et normatif, mais, articule «ingenium et transindividualité » en mettant l’accent sur la capacité de chacun à être créatif en faisant de sa vie son oeuvre personnelle et en considèrant que « ce qui fait la capacité de résistance des individus à la violence […] est l’ensemble des rapports qu’ils entretiennent toujours déjà avec d’autres individus, qui “font partie d’eux-mêmes” comme eux-mêmes “font partie” de l’être des autres ». Source

Coté bouddhisme, on va trouver ses apôtres de la religion du coeur avec Satish Kumar selon qui « tout possède à la fois une dimension intérieure (spirituelle) et une dimension extérieure (écologique). L’un n’existe pas sans l’autre » Il a inventé l’expression d’« écologie spirituelle». La planète Terre est sacrée, la vie est sacrée, l’univers est sacré. « Si nous les traitons tous les trois avec amour, respect et révérence, nous faisons de l’écologie spirituelle ». Au Schumacher College (créé en 1991 à Totnes en Angleterre), ils considéraient leurs étudiants comme des personnes à part entière. Les cours s’articulaient autour du concept de slow life (ralentir), et l’apprentissage reposait sur les trois « h » : head (la tête), heart (le cœur) et hands (les mains). Par l’éducation de l’esprit, du cœur et des mains, ils entendaient prendre soin de notre planète, de l’humanité et de l’individu. Source

Ainsi l’accomplissement de soi, c’est l’accouchement de soi. Si un individu recherche son accomplissement, il est dans une logique de devenir plus complet, plus lui même, en adéquation avec lui même. Alors que le développement personnel permet aux gens de mieux s’adapter à leur environnement, à les rendre plus performant dans un contexte donné, en comparaison avec les autres.

L’estime de soi joue un rôle considérable sur la façon de mener sa vie, d’imaginer son avenir et d’initier ou non des projet.

« L’estime de soi est la conscience de la valeur personnelle qu’on se reconnaît dans différents domaines ». L’estime de soi se manifeste par la fierté ou non d’être qui nous sommes. Elle résulte d’une évaluation continue de nos actions. Si celles-ci sont en accord avec nos valeurs, l’appréciation est positive et renforce l’estime de soi et, inversement, les comportements en contradiction avec nos valeurs conduisent à une dévalorisation de soi. « L’estime de soi », par Germain DUCLOS

Une certaine ouverture spiritualité est nécessaire pour se débarrasser de l’illusion de l’ego au profit d’une vision holistique du monde permettant de percevoir l’univers comme un tout intégré et unifié.

C’est dans le cœur et par le cœur que s’accomplit ce processus d’unification subtil. Le point culminant étant « la sacralisation du vivant ». S’appuyant sur la science de l’écologie et la vision du Pape François exprimée dans Laudato Si Fabien Revol rappelle que tous les êtres vivants sont des êtres de relation car ils sont dépendants les uns des autres. En effet, chaque être existe parce qu’il est relié à autre chose. A partir de cette observation, il relaie l’invitation du Pape à nous inspirer du mode de fonctionnement des écosystèmes pour nos sociétés humaines puisque nous sommes, nous aussi, des êtres vivants reliés. Laudato Si

La connaissance de soi est fondamentale et le bonheur est accessible a chacun.

La vérité du voisin n’a de valeur que pour lui même car la vérité ne vaut que pour celui qui la vit. Seule la vérité qui soit vivante et vivifiante se trouve en chacun de nous. Nous pouvons faire de nos vies un espace plus libre, moins limité et moins étouffant que ce que la plupart de nous vivent au quotidien … pour cela, il nous faut accepter de faire l’expérience de la vie telle qu’elle est et dépasser ainsi tous les concepts erronés que nous avons forgés dans notre esprit. La phénoménologie reprend les interrogations philosophiques sur le concept d’essence, et son approche pour les aborder est d’étudier l’expérience vécue, c’est-à-dire le phénomène en tant que tel. Idées directrices pour une phénoménologie Husserl

Passer à l’action en développant notre capacité d’agir.

Isabelle Pibarot nous donne une définition de l’Agir, comme intégrant à la fois le faire mais aussi l’être. Un exemple peut nous éclairer sur ce lien entre Être et Faire : Nous agissons sur de la matière, du moins pour ceux que l’artisanat ou la créativité travaillent encore, au-corps Une matière que l’on ressent en premier lieu dans notre corps, dans notre sensorialité, dans ce qui nous fait percevoir le monde comme différencié de nous. La matière extérieure est ce qui va nous ancrer dans la perception de notre propre matière et densité corporelle, l’incarnation. Travailler une matière, y imprimer notre empreinte, devient une métaphore tout à fait concrète de notre capacité à agir sur nous, à nous transformer. L’objet concret comme reflet des ses capacités cognitives, physiques et psychiques. L’objet comme miroir de soi. Le Faire Pourquoi faire? Isabelle Pibarot

Ainsi en travaillant sur sa confiance en soi et envers les autres, et en tentant de dépasser certaines de nos peurs, on se révèle à nous même et « on se vit » en harmonie avec le vivant.

Nous vous souhaitons de vous accomplir personnellement et de réussir professionnellement, par exemple avec nos ateliers, en cette rentrée 2025.

  • La fresque du facteur humain pour maitriser les mécanismes inconscients à l’oeuvre.
  • La fresque des émotions pour relier pensées, émotions et actions
  • La fresque des imaginaires pour se projeter dans un futur pour soi, les autres, et la nature
  • Le business model de l’entreprise régénérative pour des actions en triple impact aussi bien court terme que long terme.

3 réponses à « L’ACCOMPLISSEMENT DE SOI : Vivre sa vie vs. Survivre »

  1. […] En cette rentrée, le travail va occuper à nouveau une place centrale dans nos vies sans être toujours une source d’épanouissement dans un environnement de travail de moins en moins prévisible qui génère des difficultés à planifier une trajectoire de vie, une carrière, un projet en accord avec nous même.À lire ici https://lnkd.in/eNzJ7BCM. […]

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  2. […] couverture du livre au point de ne pas réussir à s’accomplir dans leur vie professionnelle. Notre note sur l’accomplissement de soi. C’est pourquoi nous devons adopter une nouvelle approche, l’approche régénérative […]

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  3. […] Chercher à s’accomplir dans sa vie pro parce que l’instabilité va perdurer. Lire la note sur l‘accomplissement de soi : vivre sa vie vs. survivre. […]

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Répondre à Les personnes négligentes dans les entreprises – NOUS SOMMES VIVANTS, LE COLLECTIF DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE – ENSEMBLE VISONS LA RÉGÉNÉRATION Annuler la réponse.