Communication intégrée : « Le seul point d’intégration intéressant, c’est le cerveau du consommateur ! »

Grégoire Champetier

La complémentarité fait l’efficacité

Quel que soit le nom que l’on donne à
la démarche, communication intégrée, communication à 360° ou encore
communication holistique, Ariel Steinmann, vice-présidente marketing
d’ING Direct en France, l’affirme : « La
complémentarité des médias fait l’efficacité. Chez ING Direct, nous
mesurons tout et nous voyons clairement que les médias se boostent les
uns les autres. Quand un SMS suit l’envoi d’un courrier, par exemple,
le taux de transformation s’en trouve manifestement amélioré. De même,
nos spots télé améliorent l’efficacité de nos médias électroniques. »

Bouygues Telecom, Danone, La Redoute…

Les exemples réussis de communication à
360° se retrouvent dans tous les domaines. Ainsi, Bouygues Telecom
obtient de très bons taux de transformation en faisant immédiatement
suivre ses appels, dans le cadre de la prospection téléphonique, par un
e-mail. Ce courrier électronique permet d’emblée de fixer la relation,
certains prospects lui prêtant même une valeur quasi-contractuelle. Le
lendemain ou le surlendemain, un courrier en boîte aux lettres,
troisième temps de l’action, vient officialiser l’engagement et la
relation.
Des secteurs considérés comme plus traditionnels recourent également
aux médias électroniques dans le cadre d’une communication intégrée. « Les marques de l’agroalimentaire ont jusqu’à présent été assez timides dans l’utilisation des nouveaux médias », reconnaît Jean-Paul Baradel, directeur général de Danone CRM Unit. « Elles
ont du mal à sauter le pas du spot de 30 secondes sur TF1. Et pourtant,
les opérations malignes et bien conçues obtiennent de bons résultats.
C’est le cas de Danette qui a fait choisir son nouveau parfum sur Internet.
On arrive, par ce type d’actions, à créer des petits moments d’histoire
avec nos consommateurs, qui peuvent se prolonger grâce à la base de
données constituée à cette occasion. »

Tous les intervenants du Festival de la Publicité de Méribel le
constatent : l’utilisation de nouveaux points de contact avec les
consommateurs est le plus souvent une opération gagnante pour les
marques. « En lançant son site Internet, la Redoute a vu son chiffre d’affaires augmenter de 30 % » illustre Philippe Ceyrac, président de l’agence G2. « Mais la majorité des internautes qui passent leur commande sur le site ont fait leur choix à partir du catalogue papier. »

La 6ème édition du Festival de la
Publicité de Méribel, lieu de rencontres entre annonceurs et
professionnels de la communication, s’est déroulée du 12 au 17 décembre
dernier, sous la présidence par Kevin Roberts, CEO Worldwide de Saatchi
& Saatchi. La Poste est partenaire de cette manifestation et
parrain exclusif de la compétition du « Cristal du Marketing
Relationnel et Promotionnel ».

Les échanges reportés ici sont issus
des conférences « Le marketing relationnel à l’heure de la
communication intégrée » et « L’envol de la communication intégrée :
comment passer des intentions à la mise en œuvre ? ».

Le consommateur choisit mais renonce rarement

« Les marques ou leurs agences peuvent croire qu’elles décident du canal qui sera utilisé à la place du consommateur », poursuit Philippe Ceyrac. « Mais
c’est faux : c’est le consommateur qui choisit. Et plus on lui fait de
propositions, plus il choisit le canal qui lui convient le mieux à un
moment donné. »
Directrice de la relation client de la Direction du
Courrier du Groupe La Poste, Maryse Mougin en donne une illustration
supplémentaire grâce à une étude réalisée par La Poste en collaboration
avec l’institut CSA. « Cela fait deux ans que nous
étudions, grâce à un baromètre, la relation aux marques du point de vue
des consommateurs. Et un constat s’impose : les internautes
surconsomment les sources d’information. Par rapport aux individus
non-connectés, ils ne délaissent aucun moyen d’information
traditionnel. Mais ils ajoutent Internet à leurs sources
d’information. »

Philippe Ceyrac {JPG} « Le livre n’est pas mort du fait de l’arrivée d’Internet, pas plus que la télé n’a tué la radio », abonde Jean-Paul Baradel. « Sur
mon domaine, j’observe que le bon vieux coupon de réduction a encore
une longue vie devant lui. Il y a des expériences menées sur des
coupons virtuels, mais elles ont le même succès que Moneo face à la
monnaie… Car les consommateurs trouvent le coupon traditionnel plus
pratique et plus simple. »
Les annonceurs américains qui avaient
tenté de réduire le très grand nombre de coupons proposés dans la
presse outre-atlantique, pour basculer vers Internet ou le mobile, ont
d’ailleurs dû faire marche arrière. « Un canal relationnel est accepté par les consommateurs quand la qualité du message est en cohérence, observe Philippe Ceyrac. D’ailleurs,
les entreprises qui réussissent sont celles qui architecturent bien
leurs canaux de contact, mais surtout celles qui donnent de la
cohérence à leur dispositif multicanal. »

Organiser la cohérence des messages à partir de l’idée de marque

« Tous les annonceurs nous demandent en permanence de penser à la marque et à l’idée de marque » , explique Christian Verger, vice-président de Publicis Dialog. « À partir de la plateforme de marque, le message doit être en cohérence avec le canal, la personne et le moment. » Et Grégoire Champetier, senior vice-président marketing et communication Europe de Mc Donald’s, ajoute : « Tous
les points de contact doivent porter l’essentiel de la marque. Les
spots télé, les sites Internet, le packaging, les magasins… Il n’y a
pas de point de contact mineur. Tous les médias – on pourrait dire tous
les outils d’interaction entre la marque et les consommateurs – doivent
avoir une très forte ambition. Tout doit être "nickel", exigeant,
porteur de sens pour la marque. Spécialiser les messages sans avoir
cette ambition, c’est de la paresse. »
Car au final, au-delà des mécanismes relationnels bien conçus par les annonceurs et leurs agences, « le seul point d’intégration intéressant, c’est le cerveau du consommateur ! »

« Des métiers où l’on brûle les idées »

Mais bien souvent, l’une des premières
difficultés à organiser la cohérence d’un dispositif vient des
annonceurs et des agences. Alors que l’idée de marque devrait être
pérenne et se déployer dans la durée, les équipes tendent à la
renouveler trop rapidement. « Nous sommes dans des
métiers où l’on brûle les idées. Le plaisir de construire, de
travailler, de créer avec des gens de valeur, fait qu’il est difficile
de se tenir de façon cohérente à une idée de marque »
, analyse Grégoire Champetier. « Des
contre-exemples existent : la confiance chez Darty, la sécurité chez
Volvo, la créativité chez Apple, la santé chez Danone… Mais ils
constituent l’exception. Chez Mc Donald’s, nous avons adopté, il y a
quelques mois à peine, la facilité comme idée de marque. Nous verrons
où l’on en est avec cette idée dans 18 mois ! »

Des freins culturels, financiers et organisationnels à la communication intégrée

Mais au-delà de l’enjeu de la
pérennité, une question se pose : pourquoi la communication à 360°,
vantée quasi-unanimement pour son efficacité, fait-elle encore débat et
ne s’applique-t-elle pas plus souvent au service des marques ? « La communication intégrée est devenue la pensée unique, mais dans les faits, on n’y est pas encore ! »,
pointe Grégoire Champetier. Sa mise en œuvre opérationnelle se heurte
en effet à des obstacles bien concrets, tant chez les agences que chez
les annonceurs.

Les freins financiers

« Le système de rémunération des agences médias est encore essentiellement basé sur l’achat d’espace »,
rappelle Christian Verger de Publicis Dialog. Pour une agence, il est
dès lors compliqué de recommander des actions sur le lieu de vente ou
en marketing direct, quand sa rémunération la plus forte se trouve sur
la publicité télé… Le système ne favorise pas le « media neutral ».
Mais les agences ne sont pas seules en cause. Toutes les personnes
présentes reconnaissent que les annonceurs sont rarement prêts à
rémunérer la réflexion stratégique amont, ce qui apporterait une plus
grande objectivité dans l’allocation des moyens de communication.

Les freins culturels

« Trop souvent, l’absence de dialogue entre les créatifs des différentes disciplines de communication  pose aussi problème », note Grégoire Champetier. « Avec
une spécificité française, l’arrogance des créatifs de publicité. Le
spot télé reste la référence créative et les autres points de contact
sont vus avec condescendance. »

« La plupart des agences sont structurées en archipels et en sous-agences spécialisées », décrit de l’intérieur Thomas Stern, vice-président de Draft FCB ( lire son interview). L’intégration
est plus facile à réaliser pour des agences de taille moyenne que pour
des grands groupes très structurés avec une longue histoire. »

Les freins organisationnels chez les annonceurs

Jean-Paul Baradel {JPG} Mais les obstacles au déploiement opérationnel de la communication intégrée sont aussi du côté des annonceurs. « Nous fonctionnons souvent avec une organisation en silo », remarque Jean-Paul Baradel, de Danone. « Ce
qui ne favorise pas le dialogue entre les départements publicité,
communication, développement durable, marketing, développement produit,
etc. »

« Les chapelles ne sont pas que chez les agences, on les retrouve aussi chez les annonceurs, » renchérit Xavier Royaux, directeur général adjoint de Saatchi & Saatchi. Résultat ? « Même quand un annonceur prône la communication intégrée, il continue bien souvent à faire ses briefs par silo », décrit Moudher Abdennadher, directeur général de Deep Blue, du groupe Aegis Media.

Entre généralistes et super-spécialistes

« En dépit des
obstacles, il y a besoin d’une communication intégrée pour aboutir
efficacement à un résultat sur l’idée de marque
, plaide le vice-président marketing et communication Europe de Mc Donald’s. Mais
cela nécessite d’intégrer aussi des métiers de plus en plus spécialisés
car les problématiques de marques se complexifient. »
Dans son
domaine, le « food business », ces problématiques sont sur le terrain
de la nutrition, de l’environnement, du social, etc. D’où le recours à
des partenaires spécialisés qui apportent des consultants de haut
niveau. De nouveaux pôles d’expertise spécialisés émergent également,
sur le design des points de ventes par exemple.
« Les annonceurs recherchent les meilleurs partenaires
dans chaque domaine. Or, un groupe de communication ne peut pas être le
meilleur dans toutes les spécialités,
explique Christian Verger, de Publicis Dialog. Mais
la coordination de ces super-spécialistes requiert des profils tout
aussi pointus de chefs d’orchestre généralistes qui seront les garants
de l’intégration. »
Ces chefs d’orchestre généralistes doivent
avoir des qualités spécifiques d’écoute, d’animation, de travail en
mode collaboratif. Ils doivent pouvoir comprendre les enjeux et les
contraintes de chacun des experts. Et ils doivent les intégrer au
projet, en gardant le cap de la cohérence.

Comment mesurer la performance des campagnes à 360° ?

La question de la mesure des
performances des différents points de contact d’une communication
intégrée a également été abordée lors du Festival de la Publicité de
Méribel. Des outils d’évaluation très pointus existent pour mesurer les
apports combinés des différents canaux, mariant études quantitatives,
qualitatives et modélisation mathématique. Mais il s’agit de démarches
longues et coûteuses, que tous les annonceurs ne peuvent envisager de
mener. Néanmoins, tout peut se mesurer. « Nous avons mené avec SFR, illustre Christian Verger, une
action de très grande envergure pour mesurer le poids et le rôle de
chacun des points de contact : publicité télé, affichage, boîte aux
lettres, téléphone mobile, etc. Tout a été calculé, pesé, analysé, à
partir de 20 000 racines de codes. »

Le besoin d’une information actionnable

De telles opérations sont, bien entendu, exceptionnelles. « Le plus simple, et le plus opérationnel, est de raisonner selon trois paramètres », note le vice-président de Publicis Dialog : « le
coût au contact, le coût au contact utile et le coût à la
transformation. Car la finalité est bien la transformation :
transformation du comportement, transformation de l’acte d’achat,
transformation de l’adhésion, etc. Une marque ne communique que parce
qu’elle veut transformer quelque chose. »

Pour Grégoire Champetier, « on
ne peut pas se contenter de mesurer seulement l’impact sur les ventes,
mais il ne faut pas non plus se perdre dans des outils trop
intelligents. J’ai avant tout besoin d’une information éclairante,
efficace et surtout actionnable. »
La qualité des informations disponibles est d’ailleurs un critère de décision, selon Jean-Paul Baradel, de Danone :
« Nous utilisons aujourd’hui beaucoup le papier pour notre marketing
relationnel car c’est un média bien connu, sur lequel on dispose de
nombreuses données, d’études, de panels et de recul. En revanche,
l’impact réel d’internet, notamment en matière de ventes
additionnelles, est encore difficile à mesurer. Néanmoins, nous ne
pouvons pas nous passer de ce support et de son interactivité pour nos
programmes relationnels. »
Et ici aussi, ce sont les attentes et les comportements des consommateurs qui dictent les choix.

http://www.laposte.fr/performanceclient/Communication-integree-les-temps

3 réponses à « Communication intégrée : « Le seul point d’intégration intéressant, c’est le cerveau du consommateur ! » »

  1. Une méthode de communication multicanale intégrée en six étapes
    http://www.publicitor.fr/fichiers/resumes/methodecommulti.htm
    La communication intégrée relève d’une méthode qui se démarque de l’approche strictement publicitaire. Elle entraîne une organisation différente, tant chez l’annonceur que dans l’agence qui pilote le projet. Elle nécessite des compétences pluridisciplinaires. Ces deux derniers volets ­ organisation et compétences ­ sont développés dans le chapitre suivant. Celui-ci propose une démarche structurée en six étapes qui ont été formalisées par Arnaud de Baynast et Jacques Lendrevie (1).
    La communication multicanale intégrée : une séquence en six étapes par A. de Baynast et J. Lendrevie
    1. La réussite de la démarche repose sur l’aptitude à analyser l’ensemble des publics dont dépend la réalisation des objectifs de l’entreprise, de la marque et des produits, à les regrouper en familles, à identifier les familles stratégiques, celles sur lesquelles on concentrera ses efforts, à assigner des objectifs chiffrés à chaque famille stratégique puis à ventiler le budget global de communication. Ce travail est à faire par l’annonceur. Il sera, par la suite, validé ou amélioré par l’agence ou les agences retenues.
    2. Contrairement à la démarche classique où le brief se fait canal par canal : brief pour la publicité, un autre pour la promotion des ventes, un autre pour le marketing direct, etc., l’annonceur fait un brief par famille stratégique qui comporte une partie sur la marque (long terme) et une autre sur les actions commerciales (court terme).
    3. L’agence propose un concept de communication de marque qui doit être pérenne et déclinable sur l’ensemble des familles stratégiques .
    4. L’agence recommande des plans d’actions détaillés pour chaque famille stratégique respectant les objectifs assignés préalablement.
    5. L’annonceur valide ces palns en procédant à des tests de cohérence et d’efficacité des programmes prévus pour chaque famile et à des tests de cohérence de l’ensemble des actions annoncées pour toutes les familles.
    6. On met en oeuvre les campagnes multicanales programmées pour chaque famille et on mesure les résultats, famille par famille, puis pour l’ensemble. On donne la priorité à la mesure des résultats économiques en s’intéréssant au retour sur investissemnt (ROI) et en précisant les correctifs qu’il convient d’apporter aux campagnes suivantes.
    En introduction à ce chapitre, on soulignera que l’utilisation efficace de plusieurs canaux de communication suppose qu’on les choisisse sans parti pris, sans en privilégier un au détriment d’un autre : plus facile à dire qu’à faire !
    Les six sections correspondent aux six étapes que l’on propose de suivre pour une démarche d’intégration. Chaque section comprend deux parties. Dans la première, on énonce les principes à respecter et la méthode à adopter. Dans la seconde, on illustre ces propos avec un cas réel qui porte sur la communication de Bristish Airways et qui sert de fil rouge tout au long de la présentation de cette méthode de communication multicanale intégrée.
    Plan du chapitre
    Introduction
    L’objectivité vis-à-vis des canaux, une nécessité, de vraies difficultés
    Section 1
    Étape n° 1 : analyser les publics de l’entreprise, identifier les familles stratégiques, allouer les objectifs et les budgets à chaque famille
    Section 2
    Étape n° 2 : le brief de l’annonceur à l’agence : famille par famille
    Section 3
    Étape n° 3 : définir un concept global de communication de marque
    Section 4
    Étape n° 4 : recommandations par l’agence d’un plan d’actions par famille stratégique
    Section 5
    Étape n° 5 : les tests de cohérence
    Section 6
    Étape n° 6 : la mesure des performances par le retour sur investissement
    (1) Les auteurs remercient Julien Lévy pour ses commentaires et suggestions.
    Introduction
    L’objectivité vis-à-vis des canaux, une nécessité, de vraies difficultés
    Dès le départ et tout au long de la démarche de communication intégrée, il faut être Media neutral, Profit neutral, deux expressions que l’on peut traduire par « Objectivité ou neutralité canaux » et « Conseil désintéressé ». À quoi servirait-il de s’assurer de la cohérence parfaite des messages véhiculés par plusieurs canaux si ceux-ci ont été mal choisis, si certains ont été oubliés ou si d’autres ont été abusivement privilégiés ? Le choix des canaux, leur combinaison, les allocations budgétaires procèdent-ils d’une démarche rationnelle, garantissant une réelle objectivité ? Rien de moins sûr ! Les multiples biais possibles tiennent essentiellement à des problèmes de compétences et d’intérêts particuliers.
    Se débarrasser des idées préconçues
    On a tous des idées préconçues sur les canaux de communication.
    Voici, présentés en vrac, quelques clichés souvent assénés comme des vérités indiscutables :
    * la promotion des ventes stimule les ventes mais dégrade la marque ;
    * le rédactionnel (dans la presse, à la radio, etc.) est gratuit ;
    * les techniques du marketing direct ne sont adaptées qu’à des cibles quantitativement réduites ;
    * Internet est un média de jeunes, d’hommes et de citadins ;
    * il y a des salons professionnels où notre entreprise est obligée d’aller ;
    * un magazine consommateur (comme Danoé de Danone ou Épok de la Fnac) n’est envisageable que pour les très gros budgets de communica tion ;
    * il faut avoir un site web ;
    * pour créer un imaginaire de marque, il faut investir en publicité-médias ;
    * etc.
    Il n’est pas facile de se défaire de ces caricatures qui polluent la bonne communication. Dans certains cas particuliers, elles ont un fond de vérité.
    Le manque d’expertise multidisciplinaire nuit à l’objectivité
    La communication multicanale intégrée nécessite des « généralistes experts à 360° » ayant un champ de vision très large et une réelle connaissance de tous les moyens de communication. Où sont ces « honnêtes hommes » (1) de communication dans les agences ? Où sont-ils chez les annonceurs ? Où ont-ils été formés ? Il ne suffit pas de réunir autour d’un projet de multiples experts pour avoir une vision multidisciplinaire comme il ne suffit pas de rassembler un bon maçon, un bon plombier, un bon électricien, etc. pour concevoir une mai son qui tienne debout. Il faut un architecte et un maître d’oeuvre qui suivent 546 La communication multinationale intégrée (1) « Honnête homme » au sens du XVII e siècle : le savant qui embrasse tous les savoirs. background image le projet de A à Z. Où sont les architectes des programmes de communication intégrée ? Qui fait office de maître d’oeuvre ?
    L’annonceur, mais qui chez l’annonceur ? Le chef de produit qui gère la communication de sa marque ou bien le directeur de marketing qui coordonne tout le marketing et donc la communication qui en relève, ou bien le « dircom » quand il existe, ou bien encore un comité rassemblant périodiquement plu sieurs cadres de haut niveau ?
    L’agence, mais quelle agence ? L’agence de publicité parce que le budget média est plus important ou jugé plus stratégique que la promotion, le mar keting direct ou les relations publiques ? Avec quelles compétences extrapu blicitaires et quelle autorité sur les autres experts en promotion des ventes, en marketing direct ou en relations publiques ?
    Trop d’expertise technique nuit à l’objectivité
    Le développement considérable des marchés du hors-médias a entraîné la multiplication d’agences de plus en plus spécialisées, de plus en plus poin tues dans leur domaine mais de plus en plus enfermées dans leur champ d’ex pertise. Si on soumet le même problème de communication à un publicitaire, à un spécialiste de promotion ou de marketing direct, on obtient une propo sition de campagne publicitaire ou des opérations promotionnelles ou un pro gramme de marketing direct ! Avant de recourir à des experts en certaines techniques de communication, les entreprises ont besoin de conseil straté gique. Steven J.Heyer, déjà cité et qui sait ce dont il parle (il a été publicitaire en tant que président de Young & Rubicam avant de devenir annonceur, à la tête de Coca-Cola ) déclare (1) :
    « …À l’époque de David Ogilvy et avant (2) , les agences de publicité étaient le par tenaire le plus important des PDG. Elles ont perdu ce rôle au profit des cabinets de conseil et des banquiers. Il y a, à ceci, plusieurs raisons, la plus importante étant que les agences ont défini leur rôle de façon trop étroite, sur la publicité et non sur le marketing. Elles font un bon produit publicitaire créatif mais elles ne m’aident pas à bâtir une stratégie qui renforce mes positions sur mes marchés ».
    (1) Extrait du livre de Joe Cappo, op.cit., page 152.
    (2) Dans les années soixante.
    L’intérêt financier est l’ennemi de l’objectivité, ici comme ailleurs !
    Comment être objectif quand on a un intérêt financier à recommander telle ou telle forme de communication ? Les agences de publicité vivent de publicité, les agences de promotion vivent de promotion, etc. Est-il réaliste d’at tendre qu’elles conseillent de confier la majorité du budget à une autre agence, même si c’est une agence partenaire, dans le même groupe de communication ? Chaque entité dans un groupe se bat pour assurer son propre développement. Chaque groupe cherche à maximiser la profitabilité de chacune de ses composantes. Ce modèle économique n’optimise pas nécessairement la qualité du conseil et des prestations aux annonceurs. Ce n’est pas là un mau vais procès que l’on fait aux agences. C’est une réalité économique et humaine. C’est une vraie question qui passe par de nouvelles structures de conseil indé pendant (dans ou hors des groupes de communication), par de nouveaux modes de rémunération proposés par les annonceurs et de nouvelles méthodes de distribution des revenus au sein des groupes de communication (1).
    Une stratégie de communication doit être Media neutral et Profit neutral affirme Brian Williams (2). On ne peut qu’être d’accord avec lui mais c’est une pieuse déclaration car on est encore loin du compte ! De façon plus réaliste, on dira qu’il faut dans une démarche de communication multicanale intégrée tendre vers la plus grande objectivité, à défaut d’une objectivité parfaite.
    (1) « BBDO France est en train d’instituer une rècle financière d’apport d’affaires, qui permettra de rémunérer les efforts faits par chaque agence pour faire entrer une autre agence du groupe sur ses clients », extrait de l’article signé par Fouzia Kamal , CB News, n°785, avril 2004.
    (2) Brian Williams est président et CEO d’Éléments 79, une filiale basée à Chicago du groupe Omnicom. Cité par J. Cappo, page 154, op. cit.

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  2. ça va s’est pas trop dur de pomper le Publicitor ?

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  3. je l’ai trouvé interessante, pas toi ?
    tu changerais quoi d’ailleurs ?

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