| L’excellent rapport de Parlons Climat, que nous avons résumé avec quelques remarques dans cette note propose une stratégie alternative face au backlash écologique. A lire ici Selon eux nous ne sommes pas dans une phase de retournement ou d’essoufflement général du projet de transition dans l’opinion publique. Nous sommes à la fin d’une phase de mise à l’agenda, de sensibilisation et de mobilisation. Suffisamment visible et installée, la cause environnementale atteint aujourd’hui certaines limites de croissance, elle génère même des contre-réactions, et fait l’objet de politisations et de clivages nouveaux. Nous sommes au début d’une nouvelle phase de politisation et de mise en œuvre d’un sujet qui, originellement minoritaire, est devenu omniprésent et affronte donc de nouveaux obstacles. Ils reprennent l’approche de S. Moscovici, pour dire que la mobilisation du camp environnemental a globalement privilégié une logique d’influence minoritaire : c’est l’idée qu’une minorité ayant une position contestataire singulière, cohérente et constante, qui ne se laisse pas altérer par un discours dominant et demeure fermée aux intérêts particuliers, peut faire changer les normes sociales (Lalot et al., 2017). Leur constat premier que le discours d’information et de sensibilisation porté par les scientifiques et les experts qu’ils datent en 1980 mais qu’on pourrait dater au rapport Meadows de 1972 sur les limites à la croissance (50 ans du rapport Meadows) ne permet plus un effet de levier sur l’opinion et devrait être focalisé sur les climatosceptiques et non plus comme voie majoritaire sur les sujets environnementaux. Alarmer sur le dérèglement climatique ne fait plus d’audience au delà des pics de chaleur et catastrophes naturelles. Le temps d’antenne dédiée à l’environnement en 2024 est en diminution de 30% rapport à 2023 (source). La biodiversité et l’érosion des ressources naturelles sont le parent pauvre du traitement médiatique des enjeux environnementaux. Ces crises sont 2 à 4 fois moins traitées que le climat. C’est parce que les Français sont « suffisamment » informés des risques et que force est de constater qu’ils ne passent pas à l’action pour autant. L’importance portée à la question de l’environnement, notée par chaque individu de 1 à 10, oscille elle entre 7,6 et 8,1 depuis 10 ans, un niveau élevé, mais stable. Et on constate un repli des écogestes au profit d’une action des pouvoirs publics et entreprises. La sobriété ne fait plus recette et la décroissance ne fait pas partie des options quand on inérogge les Francais sur leurs modes vie et plus précisement leurs modes de consommation. 83 % des Français considèrent que « les gens consomment trop en France ? Mais interrogés ensuite sur leur propre situation, seulement 28 % ont le sentiment de « consommer trop » et 73 % ne considèrent pas consommer plus que la moyenne des Français. Par ailleurs, 82 % pensent avoir un mode de vie déjà sobre. Les Français ne se sentent pas directement concernés par les pratiques excessives qu’ils perçoivent dans le reste de la population. (lire la note avec les chiffres de l’ademe). Ils soulignent que les critiques actuelles, ainsi que la polarisation dans l’opinion, concernent aujourd’hui davantage les écologistes eux-mêmes que leurs idées. Et qu’il est donc crucial de travailler sur l’incarnation des enjeux environnementaux et climatiques pour désamorcer ce rejet, où le rejet du messager finit par abîmer le message. Ils se focalisent sur le fait que les enjeux environnementaux sont portés par un seul partit politique en ne mentionnant pas que Les Écologistes sont dans une stratégie d’alliance. Alors que c’est un enjeu qui selon eux devrait se diffuser dans plusieurs mouvements politiques, en particulier à droite. En proposant une approche environnementale qui inclue les enjeux sociétaux, c’est à dire exactement l’approche des Écologistes et des partis politiques de gauche. D’ailleurs ils illustrent leurs propos avec l’exemple des tentatives d’alliance au moment des marches climat, autour de slogans comme “fin du monde, fin du mois, même combat”, ainsi que l’initiative du Pacte de Pouvoir de Vivre comme étant illustratifs d’une direction à suivre, avec sincérité. Initiatives portées par les Écologistes et les forces de gauche dont les ONG, et pas la droite. Contrairement à ce qu’ils affirment Les Écologistes n’est pas en perte de pouvoir puisque c’est le partit politique le plus populaire. Populaire justement parce que l’environnementalisme repose sur le paradigme de la satisfaction des besoins humains comme finalité à limiter (anthropocentrisme), alors que l’écologie réinscrit les finalités humaines dans une perspective plus large, celle du vivant, dans une perspective du bien vivre tous ensemble, en accompagnant les évolutions de comportement avec un volet social (multicentrisme – la piste de la régénération face à la prédation). Et on peut compter sur la droite pour couper les budgets alloués aux enjeux sociaux ou donner des aides aux entreprises sans contrepartie. Gaspard Koenig parle même d’une droite qui souffre d’écophobie. (source) Et dans le classement des personnalités politiques les plus appréciées on les retrouve dans le top 5 (source). Au delà des enjeux politiques gauche / droite, Parlons Climat propose de passer d’une stratégie minoritaire à une stratégie majoritaire pour faire basculer la société en mettant sur scène des personnes nouvelles qui incarnent une écologie en phase avec les valeurs des Francais, en élargissant la communication aux bénéfices (pouvoir d’achat, inégalités, santé, sécurité) et en étant plus attentif aux besoins des Français dans leur diversité. Ils proposent donc une écologie populaire qui prend en compte les contraintes sociales et aborde des sujets populaires comme finalité des efforts à fournir aujourd’hui. Lire la note a ce sujet. Pour ce faire, ils proposent non seulement de retravailler des éléments de communication, mais aussi un projet politique et social plus large que l’écologie qui doit être trouvé autour des conditions de vie, et non de la seule question environnementale. Pourquoi ? Parce que les préoccupations qui pèsent immédiatement — tensions et perte de sens au travail, budgets contraints, vulnérabilité aux crises économiques, déclassement, etc — ne vont pas disparaître au profit d’un sentiment d’insécurité climatique qui exige de plus une capacité de projection dans l’avenir que tous les groupes sociaux n’ont pas. Et d’éviter la conflictualité directe avec le monde économique (au contraire des réglementations, par exemple) et de proposer un levier de changement qui semble à la portée de chacun, face à l’inertie des pouvoirs publics. Donc une approche non seulement basée sur les modes de vie mais qui prend en compte le pouvoir d’achat et les réalités économiques des entreprises. Ils concluent que l’urgence climatique ne suffit plus à “embarquer” les citoyen.nes dans un désir de transition et il est nécessaire de la réintégrer dans une perspective sociale plus globale. Ne pas le faire serait ignorer des enjeux comme la crainte du déclassement, le sentiment d’injustice ou les frustrations démocratiques. Ce qui tendrait à isoler la cause défendue (problème du single issue) sans la relier au contexte social et politique – qui de fait pèse sur la vie des citoyens, et peut donc faire l’objet d’une priorisation plus grande par rapport au projet écologique, comme c’est le cas aujourd’hui. Bref ils proposent, entre les lignes, de « débrancher » certaines personnalités qui prennent la parole publiquement sur ces enjeux. On peut penser par exemple à Jean-Marc Jancovici qui a permis aux sujets environnementaux d’émerger dans la société et à bon nombre d’organisations de nous mobiliser pour cette cause mais qui n’est plus la bonne personne pour incarner une écologie populaire qui propose des solutions pragmatiques aux Français pour que la société, dans son ensemble, bascule. Pour rappel, Jean-Marc Jancovici – se présente comme un ingénieur avec une approche problème / solution essentiellement sur le climat même si il a intégré les enjeux systémiques comme par exemple la santé et la biodiversité – selon lui nos modes de vie ne sont pas compatibles avec les enjeux environnementaux et il ne prend pas en compte les contraintes individuelles qu’il juge dérisoires face aux enjeux même au risque d’une crise démocratique – aucune prise de position en faveur de l’agriculture bio (qui est la meilleure pour la santé et la biodiversité, cf INRAEE) ou en faveur des énergies renouvelables face à un possible moratoire sur ces énergies pourtant essentielles au mix énergétique (alors que le vrai coût du nucléaire reste a définir avec la fin de vie des centrales nucléaires ou les complexités liées a leur construction, sans parler des déchets « éternels »). Qui seraient donc ces nouvelles figures de l’écologie populaire ? Trois pistes sont citées dans le rapport « Incarnation, distinction et variation » afin de diversifier les figures qui incarnent l’écologie, reconnaître la diversité des approches et admettre que l’écologie mute et s’adapte en touchant de nouveaux groupes. Points principaux de l’écologie populaire ✔ L’écologie populaire est un concept issu de l’écologie politique en lutte contre la prédation du vivant. ✔ Elle couvre les enjeux environnementaux et sociaux, avec un volet économique par l’innovation. En soulignant les injustices qui touchent les plus vulnérables mais nous affectent tous. ✔ Le concept de » bien vivre tous ensemble sur terre, sans exclusion » permet de passer de la lutte CONTRE la prédation pour définir une vision qui guide nos actions POUR les Français. C’est la piste de la régénération du vivant. ✔ Un recentrage sur un socle d’enjeux qui concernent les Français dans leur vie quotidienne, en particulier l’alimentation, la santé, les services publics et l’éducation. Ce qui permet de redevenir populaire en adressant ce qui est populaire. ✔ Avec l’écologie populaire, il s’agit de poser une vision de la société écologique future en se basant sur des valeurs communes. C’est une écologie du soin, du familier, du « moins mais mieux», du local. ✔ L’écologie populaire est un vecteur d’innovation sociale qui remodèle les liens sociaux et développe de nouveaux services solidaires. Et d’innovations qui contribuent à la biodiversité par exemple en reliant la santé des sols (grâce à sa biodiversité) et la santé humaine dans des produits à acheter. ✔ Au delà des classes populaires les plus vulnérables, une ouverture sur les classes moyennes qui se sentent elles aussi vulnérables dans une société qui se délite. ✔ Vers un changement de modèle d’affaires. 79% des Français pensent que les entreprises ne doivent plus chercher la croissance économique à tout prix : un changement de paradigme qui montre que la croissance n’est plus vue comme le totem intouchable qu’il était encore il y a quelques années. ✔ Un nouvelle comptabilité. La régénération repose sur la logique de l’économie de la mutualité qui postule que la nature est un capital qui doit être placé au même niveau que le capital financier. Il en est de même pour le capital santé. Cette écologie populaire c’est le pendant citoyen de l’économie régénérative Elle leur propose un mode de vie à la fois responsable et désirable ancré dans le quotidien des Français sur les domaines populaires auprès d’eux comme l’alimentation, l’éducation, les services publics…. Elle repose sur l’économie de la mutualité avec des racines dans l’Economie Sociale et Solidaire. (source) Avec l’écologie populaire, nous sommes vivants vise le bien vivre tous ensemble sur terre, sans exclusion. Nous avons développé plusieurs ateliers pour accompagner la transition écologique dans les entreprises et les collectivités locales en réponse au dépassement des limites planétaires et en particulier la prédation du vivant humain – non humain. En savoir plus Rejoignez nous sommes vivants sur la deuxième moitié de 2025 ICI |
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